L’électronicien québécois Ghislain Poirier joue les touche-à-tout sur No Ground Under, en lorgnant du côté du Hip Hop et du Ragga/Dancehall. Une musique électro éclectique qu’il réalise avec brio et sans complexe, comme il l’a prouvé sur son maxi « Blazin » feat Face-T, un hybride electro-dancehall bounce à souhait qui risque de mettre les dancefloors sans dessus dessous. Dans ce genre d’exercices de styles réussis, on peut citer « Go Ballistic » (avec le toasteur Zulu) et « Dem Nah Like Me » (feat Mr Lee G), dynamités par des beats diablement dansants, loin des down-tempos dub souvent amorphes.
Coloré et exotique, No Ground Under se veut aussi décalé dans les délires rap, comme « Jusqu’en haut » avec Omnikrom, les TTC version québécoise (avec l’accent et tout), et « Ladies & Gentlemen » featuring Ambitieux et DJ Netik. Vu que Ghislain excelle dans ces fusions des genres, le retour ‘à la normale’ avec des pistes électro-électronica purement instrumentales (« Hit & Red », « Diaspora », « It’s a War War War »…) est bizarrement mal vécue, sauf lorsqu’il implante des éléments acoustiques comme par exemple des percussions africaines sur « One Hand Can’t Clap ». Ceci peut expliquer cette alternance entre morceaux électro ‘classiques’ et les redoutables morceaux crossovers le long de l’album.
Dans l’ensemble, No Ground Under colle bien à l’esprit Ninja Tune. Vitaminé et rafraîchissant, ce cocktail se destine aussi bien aux soirées arrosées au rhum qu’aux écoutes en voyage, baladeur en poche.