L’ère Blaxploitation est une période cinématographique qui a définitivement marqué les seventies, une mode (façon de parler) issue d’un réveil des populations afro-américaines dans bien des domaines politico-culturels. Oui bon il y avait aussi l’invasion Hippie et la période Yéyé, flower power et compagnie qui avait démarré vers les années 60 mais l’impact influait plus sur des modes de vie de junkies pseudo-nomades en fourgonnette VW (vive les clichés)… Bref, les années Blaxploitation, ce sont des noms influents (Malcolm X, Martin Luther King…), des mouvements (Black Panther), et surtout des films d’anti-héros blacks (Shaft, Jacky Brown,…), des artistes, acteurs, chanteurs (Isaac Hayes en tête, Jimi Hendrix, Pam Grier),… Voilà pour le résumé, peut-être que nos parents pourront en parler mieux que nous.
Les Scienz of Life (deux emcees/producteurs ID 4 Windz et Lil Sci) se sont inspirés de cette filmographie pour l’intitulé et le concept de The Blaxploitation Sessions, leur troisème opus. Les thèmes choisis en subissent les conséquences, avec des sujets intéressants et titres évocateurs (un « Hood Stock » pour les ‘boys in the wood’, « Hip Hop Rwanda », « Representin People »…) qui les catalogueraient par défaut parmi les MCs dits conscients. Et au micro, la paire fait bonne figure (bon flow, bonnes ‘skills’), à la réalisation, les productions se veulent soufuls (il fallait s’en douter) pour la plupart tout en gardant une touche de modernité simpliste (spécialement « Soul To Soul », « Exclusive Rights » et « Dear Zev »), avec des mini-outros de bande original ou dialogues de films cultes du genre. Même que l’intro de « Greatness » reprend un discours de Jay-Z, c’est symbolique et montre bien la façon dont il est perçu dans le milieu Hip Hop aujourd’hui.
Passage obligé sur le très touchant « Dilla Forever », une chanson entièrement consacrée au producteur J Dilla disparu Février 2006 et qui a été la source d’influence première des Scienz of Life, qui vont jusqu’à le surnommer le ‘king of hip hop/soul’ et ses instrus de ‘classic materials’. Comme quoi, il continuera de vivre à travers la musique et celle de ses confrères maintenant. C’est une belle chose. Un album à découvrir si l’envie vous en dit, ainsi que leur disques précédents (Coming Forth by Day et Project Overground).