Quand les hollandais Aardvarck et Steven de Peven s’enferment dans leur Rednose Distrikt pour machiner de la musique, ça donne Poes, un album électro deep-underground ultra-varié, une caractéristique qui fait sa totale singularité. Au début, il y a de la house (« Not Today » feat U-Gene), à la fin, un délire funky soul anti « Bling bling », et entre ces deux extrêmes, un florilège de beats aussi déments qu’expérimentaux. Comment dire, ça part dans tous les sens !
Il n’y a pas de règles musicales précises au sein de ce duo de producteurs, les choses se créent naturellement. Parmi les coups de génie, on retiendra ce « Plop » qui fait le mix de la scène Hip Hop et House de Detroit, entre claps à la Jay Dee et vibe très lounge. « Best Deejay » s’inscrit dans la tendance minimaliste, avec une rythmique rudement efficace, simplement accompagnée d’une basse, sur laquelle Melodee (sic) pose un flow fluide aux syllabes appuyées. La partie centrale de Poes s’oriente vers un broken-beat alternativement soulful et énergique, de « In Your Mind » jusqu’au morceau « Fly » (avec Raphaella Herbert) très… planant, à juste titre. Plus ‘deep’ encore, « Find My Way » se laisse écouter posément, avec une ambiance feutrée par le passage d’un vinyl.
Certains délires trop poussés partagent cependant notre opinion, comme « Don’t Break » où des violons typiques du Trip Hop sont malencontreusement superposés sur un BPM trop rapide, provoquant un effet de désynchronisation. Puis il est difficile de retenir de mémoire certains titres (« Herfst Sonate », « Bennysoep »), à moins d’être néerlandophone, mais leurs airs de synthés et les beats épurés, eux, se collent dans plafond crânien presque instantanément, sans nous laisser le temps de se demander si on aime ou pas les sons. Le gros trip de Poes, c’est indéniablement « Diesel », une track qui – comme son nom l’indique – fait claquer des caisses claires pardessus des notes répétées de clavier reproduisant un bruit de moteur diesel, et ce pendant plus de sept minutes… Un truc dingue, mais à déconseiller en écoute en boucle.
Les Rednose Distrikt n’ont décidément rien fait comme les autres, c’est de la pure folie créative qui nécessitera tout de même un temps d’adaptation. Allez hop, on se remet un coup de « Plop » et de « Fly ».

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