Ce vieux briscard de Daz Dillinger a ses placards toujours remplis de munitions. De retour après deux ans d’absence (Cuzznz début 2016 avec Snoop Dogg), notre légende westcoast sort un seizième album, auto-produit de nouveau, Dazamataz. Et pour rattraper le temps perdu, il nous offre 30 morceaux de gangsta sh*t ainsi qu’un festival de guests.
C’est toujours un marathon d’écouter trente chansons à la chaîne, surtout quand on a l’impression d’écouter les mêmes sons depuis quinze ans. Parce que voilà, la patte du rappeur-producteur vétéran Daz n’a pas sensiblement évolué depuis la reformation du Dogg Pound, ce qui ne signifie pas qu’on n’est pas à l’abri de quelques bombes (prenons au hasard « Gang Streets« , « Violation » avec le Dogg Pound, « Bang Gang G Mix« …). Les invités sont majoritairement des amis de longue date, cette grande famille de L.A. à Frisco, à savoir Kokane, Kurupt, Goldie Loc, Snoop, Tray Deee, Tha Twinz, Jayo Felony, C-Bo, Soopafly… et quelques petites surprises comme Big Gipp, Freddie Gibbs (dans son élément sur « Ghetto Bird« ), M-1 des dead prez (sur le reggae « Higher Than High« , comme quoi Daz peut sortir de sa zone de confort) et deux gouttes de sang neuf, avec G Perico (le single « Niggaz Know »), October London… Nate Dogg manque énormément, c’est pourquoi Daz lui dédie le morceau « Nobody Duz It Better« . On apercevra aussi un court passage post-mortem du célèbre personnage de DJ EZ-Dick (RIP). La seconde partie de Dazamataz est beaucoup plus smooth, laid-back et r&b, idéal pour passer d’agréables moments dans la plus pure tradition westcoast. « I’m Curious » avec Ray J, « That’s My Baby » avec Nicole Wray, « It’s So On » avec Latoiya Williams… et j’en passe. De quoi largement accompagner des virées nocturnes avec le low-rider qu’on n’a pas. Voilà pour le résumé succinct.
Maintenant une note personnelle. À l’heure où l’on écoute beaucoup de musique grâce aux plateformes musicales digitales et de streaming, du point de vue de l’auditeur, on a un peu plus de mal à comprendre cette stratégie qui consiste à nous balancer 30 tracks d’une traite si c’est pour en skipper le tiers ou la moitié. Ça n’a plus réellement d’intérêt et c’est la même critique qu’on aurait pu faire pour CULTURE II de migos, à moins BIEN évidemment d’avoir super bien travaillé le concept comme l’a fait récemment Big K.R.I.T. avec 4eva is Mighty Long Time. À l’époque où les CDs se vendaient comme des petits pains, le discours aurait été « qu’on en a pour son argent », mais la donne a changé, tout le monde paie le même abonnement sur les plateformes de streaming (ou pas du tout), chacun n’écoute que ce qui lui plaît et donc s’autorise de zapper le reste sans aucun état d’âme. Somme toute, surcharger un album a pour l’artiste les avantages de ses inconvénients : deux fois plus de titres que la moyenne, ça fait plus de revenus, surtout pour un indépendant comme Daz. Le mec sait s’adapter à son époque, mais d’abord en matière de bizness.
Album juste énorme pour moi sans doute dans son top 3 perso j’ai surkiff.
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Quand Daz fait des sons actuels, sa fan base le critique et lui reproche de ne pas être fidèle au G-Funk (exemple ses deux précédents albums solos Witit Witit et Weed Money). Je ne pense pas qu’il reste dans sa zone de confort, mais je préfère qu’il nous fasse un album comme Dazamataz car il excelle dans le domaine de la production. Qu’il fasse de la trap comme ses deux précédents albums ne me dérange pas, mais il sait très bien que c’est pas dans ce registre qu’il est attendu. Je suis contre ce discours progressiste qui voudrait que les légendes des années 90-2000 se mettent à la page pour des sonorités moins intéressantes. Dazamataz est un très bon album.
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