Isaiah Rashad « The Sun’s Tirade » @@@@½


Dire qu’à la fin du mois de juillet personne n’aurait pu prédire que le responsable de l’été indien dans le rap n’est autre que le premier LP de ce garçon du Tennessee. Signé chez TDE, bastion des Black Hippy, le jeune Isaiah Rashad fut intronisé dans le game grâce à son éblouissant mini-album Cilvia Demo l’an passé. L’avoir vu sur scène (en première partie de Schoolboy Q) m’a permis d’être définitivement subjugué  grâce à sa vibe et sa gestuelle de mec qui trippe grave. En route sans tarder avec The Sun’s Tirade.

L’histoire d’Isaiah est très semblable à tout un tas d’autres jeunes Noirs issus des coins défavorisés évolualent en périphérie urbaine et dont la vie parfois les écarte du droit chemin. Sauf que c’est la musique rap qui l’a attiré hors des cours de l’université et qui le tirait hors de son lit, comme la paternité et les responsabilités l’ont aidé à sortir de l’état d’ébriété et donné l’envie de briller en société. Avec cette idée paradoxale de vouloir se faire de l’argent, beaucoup d’argent, et faire dans le social à la fois. C’est d’ailleurs sur ces thèmes-là que débute The Sun’s Tirade avec « 4 Da Squaw« , un premier titre qui dévoile le petit monde d’Isaiah, son quotidien, sa famille, son goût pour le groove chaleureux, truc de 90’s baby.

Clairement, sa musique rap est faite pour accompagner les trajets en voiture, toutes vitres ouvertes, à 10km/h comme ça tout le monde peut profiter et renifler la fumée de weed qui s’échappent des pots. Plus concrètement, c’est sa vibe qui nous transporte. Les instrus, conçus en partie par ceux qui ont travaillé avec lui sur Cilvia Demo, donnent l’impression d’avoir été infusés dans le pimp-rap des 8Ball & MJG (des anciennes gloires du Tennessee), UGK et les Outkast. En très actuel évidemment, avec une musicalité certaine comme le single « Free Lunch » produit par Cam’Obi, qui avait fait de vraies merveilles sur l’album de Domo Genesis. Les amateurs de rap soulful ne seront pas en reste avec le passage « rosegold » très inspiré par The Ummah (le crew de producteurs des Tribe Called Quest) et « brenda » avec son exquise touche soul/jazz. Mike Will est aussi sur le coup  sur l’extra-terrestre « A lot« . Downtempo dans son ensemble, « Don’t Matter » hausse le rythme pour redonner du souffle vers la fin du disque. Isaiah ne se visualise pourtant pas dans les rétroviseurs de Curren$y, il plane très au-dessus de ses plates bandes.

Les propos de Zay ne sentent pas que l’herbe, mais bien le vécu et ses aspirations. « Wat’s Wrong » parle de sa lutte contre l’addiction, avec l’aide de Kendrick Lamar sur un instru supa smooth. C’est aussi un adepte des changements d’intonations, quelque part entre une volonté de faire parler les émotions et du mumble rap, comme le type complètement défoncé qui fait un effort de concentration, comme lorsqu’il part en live sur la seconde partie ‘côté nuit’ de « Stuck in the Mud » (feat la chanteuse SZA, prochaine sortie TDE). Les changements de voix vont à force devenir une vraie marque de fabrique chez les rappeurs de chez Top Dawg dites donc.

On retrouve d’autres caractéristiques qui lui sont propres, comme des titres de track qui prennent des noms de personnalités, ici « Tity and Dolla » (aussi connus sous le nom de Playaz Circle, l’ancien groupe de 2 Chainz quand il était signé chez Ludacris) et « Silkk da Shocka« , un rappeur qui a eu une mince carrière autour des années 2000 grâce à son grand frère Master P. Ça fait du bien d’ailleurs d’entendre la voix de Syd de The Internet sur ce track, de la douceur.

The Sun’s Tirade album rap de cette rentrée 2016. Bravo Isaiah, tu as fait ce qu’on attendait de toi.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Anonyme dit :

    Un des albums de l’année.

    J’aime

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