Tout le monde a été pris de cours en mars dernier par l’annonce de Questlove des Roots : une suite de The 20/20 Experience de Justin Timberlake allait arriver durant l’année, alors que ledit album venait tout juste de sortir. Et ce fut très vite confirmé par Justin himself. Stupeur et enthousiasme: si cette soit-disant suite est du même acabit que 20/20 Experience, ce aurait été bien calculé de la part de JT. A ce propos, comme il l’a expliqué : 10 titres + les 10 qui vont suivre égalent 20/20. Eureka! Le titre de son projet tombe sous le sens. Nom de code de cette seconde moitié: The 20/20 Experience 2 of 2, ni plus ni moins. Mais qu’en est-il du résultat de cette seconde série d’expériences musicales?
Réponse : la satisfaction n’atteint pas les 100%. Comparé au « premier » 20/20 Experience, qui était copieux, intense et suffisamment fantastique, les expériences 11 à 20 sont d’un à deux niveaux dessous. Le duo dynamique Timberlake/Timbaland est toujours très bien huilé mais les exigences sont en deçà de la barre qu’ils ont fixé avec leur précédent album et ça se ressent dès le premier titre « Gimme What You Don’t Know« . Evidemment on se délecte de son single très classe « Take Back The Night« , avec ces orchestrations qui évoque les Earth Wind & Fire (dans le veine de « In The Stone« ), et de très bons sons r&b comme « Cabaret » (featuring Drake) et le délicat « You Got It On« . Justin replonge aussi dans la pop bluesy (« Drink You Away« , « Only When I Walk Away« ), un créneau qu’il maîtrise avec beaucoup de justesse, et vu qu’il n’avait pas proposé des morceaux de style sur The 20/20 Experience n°1…
Il n’y a plus d’effet de surprise sur cette ‘seconde partie’.
Une chose est sûre : il n’y a plus d’effet de surprise sur cette ‘seconde partie’. On découvre simplement de nouveaux morceaux mais qui dans l’ensemble n’ont rien de bien extraordinaire. Les productions de Timbaland, qui a définitivement retrouvé de sa superbe et reconquis nos coeurs, et son nouvel associé J-Roc sont plus classiques (« Gimme What You Don’t Know« , « True Blood« , « Murder » ou même le non moins efficace « TKO« ). Le travail de l’interprétation et de la sophistication demeure présent, toutefois il y a pas mal de longueurs inutiles et Justin se perd dans des idées farfelues comme sur « True Blood« , morceau résolument dancefloor pas mal inspiré de la série. Jay-Z également sort des rimes avec des top références sur « Murder » (ça parle de Yoko Ono, de Beatles…). Ces artistes-là sont trop haut pour le commun des mortels.
Bilan de l’expérience : le succès du premier volet n’est pas reproductible pour deux raisons. Le première erreur de calcul est d’avoir laisser penser que The 20/20 Experience 2 of 2 était un vrai complément du volume original et qu’il serait alors son égal, alors qu’en réalité il n’en est qu’un supplément garni de chutes de studio qui n’ont pas été retenus sur l’original, comme l’a confirmé le producteur Jerome « J-Roc » Harmon dans BillBoard. Du rab de très haute qualité, mais du rab quand même. La seconde erreur est de ne pas avoir laissé plus de délai. Si sortir deux albums la même année pose un véritable défi marketing et commercial, cela n’a pas laissé de temps pour digérer The 20/20 Experience et de l’exploiter comme il se doit, et c’est fort dommage.