ILL Bill « The Grimy Awards » @@@½


William Braunstein alias ILL Bill vient d’éditer chez Fat Beats Records son troisième essai The Grimy Awards. L’ex-Non Phixion, actuellement membre de La Coka Nostra et moitié des Heavy Metal Kings, livre un volet très personnel qui compte sur la collaboration de vétérans du beats internationalement connus, à savoir Pete Rock, Primo, DJ Muggs, Large Pro, Ayatollah ou encore Psycho Les des Beatnuts. La lourderie au sens propre comme figuré.

Il y a toujours une marque d’hésitation avant de s’engouffrer dans un album d’Ill Bill. Faut dire que le personnage fascine, rappeur hardcore adepte de rock metal et obsédé par la mort qu’il est. Pourtant The Grimy Awards n’est pas un disque aussi ténébreux et macabre qu’on le pense, « accessible » est un terme qui peut convenir puisqu’Ill Bill s’y dévoile plus que d’habitude (les guillemets soulignent aussi l’aspect relatif de cet adjectif). Il n’y a qu’à regarder la photo de famille (kitchissime) qui fait office de pochette pour deviner le caractère personnel de l’album.

C’est parti, Ill Bill annonce direct la couleur avec « What Does It All Mean« , qu’il produit lui-même. Vient ensuite le single « Paul Baloff« , un morceau hommage à l’une de ses stars favorites. Comme annoncé, le rappeur se dévoile petit à petit sur cet album, et ça passe aussi par le partage de ses goûts musicaux lorsqu’il évoque le chanteur du groupe trash metal Exodus disparu en 2002 (merci Wikipedia), ou quand il invite le chanteur rastafari H.R. du groupe punk Bad Brains sur « Forty Deuce Hebrew » (merci encore Wikipedia*). Une fois n’est pas coutume, mais deux, trois à fois ça l’est : une fois de plus, lui comme son frère nécro, aiment ressasser les souvenirs leur oncle Howie (« Acceptance Speech » avec les scratches signés A-Trak). Les titres qui parsèment cet album, comme « How To Survive an Apocalypse« , « 120% Darkside Justice » avec les Jedi Mind Trics (soit Vinnie Paz et Jus Allah) ou alors « Acid Reflux« , continuent d’alimenter son image de rappeur aux idées noires, de quoi satisfaire ses fans sans trop changer de formule.

Comme vous avez pu le constater, la liste des producteurs est étourdissante : des monstres sacrés qui ont construit le hip-hop des années 90. Mais nous sommes en 2012, les beats à la sauce boom-bap de Large Pro, Ayatollah, Muggs, DJ Premier et Pete Rock ont un aspect vieilli, d’où un enthousiasme très modéré. Sur « Truth« , produit par Pete Rock, Ill Bill atomise l’instru équivoque avec son flow de rouleau compresseur lancé à pleine vitesse. Le Soul Brother ramollit même « When I Die« , le remix dont il est l’auteur se perd dans un r&b un peu fâné. Comme quoi, il ne faut plus trop se fier au prestige du nom aujourd’hui, et c’est triste. Heureusement Large Pro s’en tire avec les  honneurs (« Carnasie High« ), de même que Primo qui a la primeur de « World Premier« , là aussi un track sur lequel Ill Bill rend hommage au célèbre DJ producteur. Il y a peut-être El-P qui se démarque du lot sur « Severed Heads of State » (où il apparaît aussi en featuring). Néanmoins pour ceux qui ont écouté son dernier album C4C, la prod resemble à un left-off dudit album.

Les featurings aussi ne sont plus tout jeunes: les Jedi Mind Tricks, Lil Fame (M.O.P.), Shabazz the Disciple, O.C., Cormega, Q-Unique… Quoi de neuf alors avec Ill Bill alors? Rien de nouveau.

*hé me jugez pas hein ! c’est pour rendre la chronique plus intéressante et j’vous apprends des trucs!

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Boras dit :

    Juger un album de Bill en se basant, même un tout petit peu, sur ce qui fait le « rap actuel », c’est déjà biaiser sa chronique.

    ce n’est pas du rap pour ado arriviste, tu utilise trop le côté « has been » des prods et feats mais sincèrement, tu voisun feat avec ross ou même un joey bada$$ (que j’apprécie beaucoup) ??

    aucun univers en commun, Ill Bill est un ovni avec Necro, on a jamais demandé à Jordan de jouer différement non ^^

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    1. Sagittarius dit :

      Bien sûr qu’elle est un peu biaisée, mais il est quand même normal de déplorer le manque de « fraîcheur » de certaines prods de vieux briscards comme Pete Rock ou même Primo, qui avait pourtant envoyé du lourd avec Vinnie Paz sur God of the Serengeti par exemple. Pete Rock j’en parle même pas… ça reste un bon album mais qui avec des airs de déjà-vu, et qq part ça me paraît ennuyeux. En fait le problème provient justement d’un manque de renouvellement du rap new-yorkais dit boom-bap, les nouveaux venus maintenant c’est Joey Badass, ASAP Rocky,… pourtant les sorties comme Mello Music Group renouvèlent bien le genre… ou même Alchemist! Lui aurait carrément collé à l’album, ou un mec comme Stoupe, Muggs c’est dommage qu’il ne soit pas plus là aussi car il est capable de trucs très dark et modernes…

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  2. Anonyme dit :

    Salut, J’vous suis très souvent dans vos analyses, vous me faites même découvrir pas mal d’artistes.
    Mais sur ce post je vous trouve un peu sévère, cet album est très bon, pour moi tout aussi bon que celui des Demigodz, il est même plus accessible que d’habitude et ce n’est pas plus mal.

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