Marcberg de Roc Marciano est aujourd’hui considéré par une poignée de spécialistes comme un album classique. Ce statut a cristallisé la réputation de cet ex-associé du Flipmode Squad et membre de l’entité underground de The UN. Allait-il en rester là, à se pavaner en featuring avec ses potes Evidence, Alchemist et Oh No comme un baron ? Evidemment non, il est de retour pour réguler alors okay, il a Reloaded. Même flingue, différentes balles.
Quand on dit que le mic est une arme, celle de Roc Marciano est un flingue avec silencieux. Avec son flow imperturbable, il maintient la tension dans ses rimes coupées en phrases. Une menace plane, un sentiment de danger, le mec ne rigole pas. Comme il le dit sur « Death Parade« , « Niggas don’t want it like HIV virus ». C’est du rap de vrai hustler, du pur, uncut, des scripts d’un type que personne n’oserait remettre en cause l’autorité tellement il force le respect. Une sorte de cocaïne-rap à la Raekwon à haute dose, avec des joyaux comme « Emeralds » qui rappelle la bonne époque de UN or U out et « Flash Gordon« .
Roc Marciano produit lui même sa came, composé principalement de samples. Les beats sont finement suggérés par ces boucles. Ce sample de guitare électrique sur « Not Told » ou les notes cristallines de piano de « 76« , l’atmosphère est extrêmement particulière parfois, comme sur « Peru« . D’autres producteurs comme Alchemist et Ray West jouent le jeu, laissant tourner les samples en boucles jusqu’à l’hypnose. Idem pour Q-Tip, qui fournit un échantillon jazzy pour « Thread Counts« . Des prods qui plantent le décor, dans les quartiers de New York, la nuit, ou dans des lieux où la lumière ne passe pas, là où les choses se passent, ces histoires qui entretiennent le fantasme de la rue.
Aucun problème? Cette suite ne m’a pas plu autant que je le souhaitais pour être franc… Hum on parle d’une des sorties indé les plus anticipées de 2012. Tant pis si ça m’attire des ennuis, mais cet LP est ennuyeux par moments et le flow de Roc Marcy rébarbatif à la longue. C’est un léger problème, cette critique. Mes doigts tremblent, je me sens mal à l’aise. Des mecs costauds viennent de frapper à ma porte. « Qui c’est? », *piouw*piouw*. Deux douilles tombent.
J’apprécie bien évidemment de lire ton avis sur cet album. J’ai commencé à l’écouter il y a peu donc je ne formulerai pas d’avis définitif et trop tranchant sur la question. Ce disque n’est pas ennuyeux, bien au contraire. Il est reposant. Dans une dimension en dehors du tumulte et de l’accélération du quotidien. Il n’invente rien Marciano, il recompose. Ce mec est un nécromancien. Il réanime un style en lui insufflant une nouvelle vie, pas un ersatz. Ce n’est pas du déjà vu comme quand on écoute ces rappeurs restés bloqués dans une époque révolue qui cherchent à refaire sans arrêt du son à l’ancienne. La dextérité du lyriciste s’allie parfaitement à l’ambiance de ces instrus minimalistes, concoctées par Roc lui-même ou d’autres pointures. Son album est à la fois classe, mélancolique et oppressant. Le venin distillé est très puissant. Flow impeccable, peu démonstratif mais d’une rare maitrise technique. Pas la peine d’en faire des caisses pour décrire le côté lugubre d’un mode de vie parallèle. Ce disque respire la lucidité, l’authenticité (terme tellement galvaudé) et l’intelligence d’un mec qui maîtrise pleinement son art sans être brillant au point qu’on puisse crier au génie. Mais même sans cela, Roc Marciano est un putain de sorcier, dont la livraison est la parfaite bande son d’un hiver qui viens de délivrer ses premiers gros flocons (chez moi en tout cas).
@@@@@ pour moi
S’attarder sur: Flash Gordon; 76; We ill; 20 Guns; Emeralds et Nine Spray
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