Avant même de sortir son premier album chez Def Jam, Big K.R.I.T. était considéré comme une future valeur sûre du Dirty South grâce à ses trois excellentes mixtapes KRIT wuz Here, Return of 4eva et 4eva N A Day, trois projets qui ont été édités récemment en format physique grâce à Nature Sounds. Pas seulement en tant que rappeur (avec des figurations au côtés de Ludacris, Curren$y ou encore les Roots), ses talents de producteurs lui ont permis quelques sollicitations et ça risque de continuer de la sorte. Il manquait juste cet album qui confirmerait définitivement son statut. Live From The Underground est le très bon album que l’on attendait tous.
Un disque sans surprise donc ? Oui et non. Rien de surprenant dans le sens où l’on ne doutait pas une seconde du résultat obtenu point de vue production. Et à moins de vraiment chercher la petite bête, il n’y a pas de déception possible par rapport à la qualité de cet opus vu ce qu’il a été capable de développer depuis deux ans avec ses projets gratuits. Le côté ‘surprise’ de la chose n’en est pas une en fait. Simplement les prods sont à un autre niveau et subtilement différentes de celles présentées dans ses mixtapes. Son savoir-faire est comme passé à un autre niveau. La base est identique, les rythmiques, les cowbells à foison, ce blues vibrant et mélancoliques… mais il incorpore plus d’éléments, comme des moogs (comme sur le premier single « Money on the Floor » et son ambiance strip-club illustrée dans le clip), de synthés westcoast (« I Got This« ), etc… Il n’a pas lésiné non plus sur les guitares wah-wah. Puis ce magnifique sample de piano dégôté sur « If I Fall » feat Melanie Fiona. Mais le recours au sampling sert surtout à mettre l’accent sur son country-rap (« Live From The Underground (reprise)« , « Yeah Dats Me« ), plus spécialement celle celle de B.B. King sur « Praying Man« … Big K.R.I.T. a bien soigné ses instrumentaux.
Côté featurings, si on a déjà croisé Ludacris, Bun B et Devin the Dude sur ses précédentes mixtapes, on est ravi de voir que Memphis est dans la place avec les 8Ball & MJG. 2 Chainz continue également de faire campagne en affirmant sa présence sur « Money on the Floor« , et le chanteur Anthony Hamilton complète parfaitement le morceau « Porchlight« . Bref, le nombre de guests est convenable, raisonnable même et chacun y trouve sa place. Big K.R.I.T. reste également fidèle à son style rap/chant, ses flows changeants et bien entendu son accent du sud très prononcé. Le plus important, il justifie pleinement l’intitulé de l’album Live From the Underground. C’est difficile à expliquer mais à écouter cet album, ses ambiances, ses paroles, on voit d’où il vient, son environnement, sa lifestyle, les habitudes locales… C’est tout ce qu’on demande d’un authentique album de rap. K.R.I.T. a bien appris de ses aînés, dans le désordre les Outkast (les premiers albums jusqu’à Aquemini on dira), les UGK et Scarface forcément, mais aussi David Banner qui fut secrètement un de ses premiers supporters et l’a scruté, étant lui aussi originaire du Mississippi. Une lignée royale qui explique la couronne qui lui sert de logo. Donc voilà, comme une évidence, Live From the Underground est un futur indispensable.