Les mariages dans la musique ont ce pouvoir d’effacer les barrières entre les genres et même les époques, et de ces mariages parfois multiples naissent des merveilles de créativité comme d’étrangetés. Mêlant savoureusement Soul Hop et Electro en Lo-Fi, Analogtronics est un de ces fruits d’expérimentations de la musique urbaine que J Dilla, grand inspirateur et précurseur – pourrait-on dire – de ce créneau, n’aurait certainement pas renié.
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OJ et Gold, ce couple de beatmakers parisiens que forment Union, ont parfaitement réussi les épousailles entre la Soul moderne et la musique Hip-Hop, scellés autour de sonorités futuristes composées à partir de matières électroniques vintages provenant de sources analogiques. ‘Analogique’ et ‘électronique’, deux mots hybridés pour donner le nom de baptême de l’album, Analogtronics. J’ai cité J Dilla comme référence, on peut rajouter DJ Spinna et les Sa-Ra Creative Partners qui possèdent une sensibilité musicale relativement proche. Union utilise des gammes de synthés et effets semblables à ceux des Sa-Ra et des mélodies galactiques comme le fait Spinna. Les nombreux instrumentaux à la fois lo-fi et post-modernes qui garnissent cet opus libèrent nos esprits dans l’apesanteur d’un cosmos de beats et de claviers lumineux.
Nos artisans français se sont également associés à divers maîtres de cérémonie américains, dont Talib Kweli qui tient la vedette sur le très bon single « Time Leak » aux côtés de notre Sly Johnson national pour la touche soulful. Moka Only est totalement dans son élément sur « Good Morning » et Big Pooh livre une prestation plus que honorable sur « Fallin’« . Plus étonnant, la présence de MF Doom (toujours abstrait sur les lyrics de « Coco Mango« ) et surtout Roc Marciano, même s’il ne débite qu’un seul couplet (« Preset Mars« ). La scène de Detroit fortement influencée par Dilla est representée par Guilty Simpson (« Digital Delight« ) et Elzhi, dont on regrettera toutefois une performance bradée (« Wings« ) en se limitant à quelques versets et des shoot-outs.
Parmi les autres météores de Analogtronics, les ambiances électro-soul raffinées de « Song for Janasa » avec la sublissime Rachel Claudio et « Baby Mama » de Mani Hoffman qui passe en mode repeat tellement le morceau est radieux.