Vingt ans de carrière, bientôt la quarantaine et toujours dans le game, c’est un refrain qui revient de plus en plus souvent. Qui a dit qu’il y avait un âge pour prendre sa retraite dans le hip-hop finalement ? Si Jay-Z rappe « 30 is the new 20 », alors par extension « 40 is the new 30 ». La preuve, il suffit d’écouter A Face in the Crowd du vétéran bostonien Edo G pour s’en convaincre.
L’opus débute par une magnifique prod de DJ Premier (« Fastlane ») qui fait forte impression. Le temps passe mais rien ne dépasse ces deux old-timers, si ce n’est peut-être le flow un peu fatigué d’Edo G. Le poids de l’âge probablement. Ce qui n’empêche pas le MC de brillants coup d’éclat comme « Ain’t Gonna Wait » et « Speaking Your Mind » avec M1 des dead prez. Les amateurs de hip-hop Eastcoast en auront à bon compte en passant « Stop It », l’obscur « Like That » avec son groupe les Stereotypes (incluant Slaine et Jayceaun) et « One-Two », une track boom-bap très agréable.
Avec un panel de producteurs underground doués (M-Phazes, The Breaks, Young Cee, Statik Selektah), a Face in the Crowd permet de mettre en exergue les lyrics bien conservés d’Edo G (l’expérience qui parle sur « I Was There ») et garantissent la solidité générale de l’opus en dépit des nombreux interludes. L’agrément des samples soulfuls y est pour quelque chose (« Righteous Way », « Drink Up »,…), les featurings aussi, entre autre les Made Men, Bishop Lamont sur « Dummies » et Chali 2Na présent sur « Life ». Vingt ans de micro et tous ses crocs. Le meilleur album d’Edo G depuis My Own Worst Enemy.