Il n’a pas tort Redman, de critiquer la politique de Def Jam qui délaisse les artistes Hip-Hop au profits des plus bankables, de mélodies plus pop… Ce label (de moins en moins) hip-hop a beau être le plus puissant et le plus ancien créé, il a perdu beaucoup de son âme et les premiers à pâtir du manque de promo sont les vétérans. Platines autrefois, aux fonds des classements en ces jours, hot hier, légendes urbaines en perdition aujourd’hui. Conséquence de cette gestion désastreuse, artistique comme commerciale, Reggie est une déception, le Funk Doc n’est plus funky.
Est-ce la conséquence de ses critiques qui l’ont écarté des intérêts des directeurs de Def Jam ou le simple fait de suivre un plan de survie hasardeux dans cette ‘dark era’ du rap game ? Il semblerait que ce soit un peu des deux… Redman presents Reggie devait sortir initialement en 2009 pour ne sortir qu’en cette fin d’année 2010, et ces excellents promo singles qui nous avaient gratté le cirumen des oreilles (« Oh My », « Lookin Fly », « Mind On My Money »…) ne figurent pas au programme. Comme il n’y a aucune prod d’Erick Sermon et les seules émanations de weed se trouvent dans la fumées de la cover rouge.
C’est simple, à part l’intro trompeuse (avec son sample repris de « Stake Is High » des De La Soul), la première moitié de ce septième LP de Reggie Noble, incluant le passable « Defjammable » conçu par DJ Khalil, est à oublier vite. Les beats semblent artificiels tellement ils sont surchargés en synthés, les voix traffiquées à l’autotune m’ont ulcéré et Redman n’a pas la gnac d’antan. L’unique instru synthétique efficient digne de ce nom est signé Rockwilder, qui envoie des décharges sur « Mic, Lights, Camera, Action », au moins une track à thématique politique. Ses employés de Gilla House (Ready Roc, Saukrates, Runt Dawg…) comme DJ Kool et Kool Moe Dee (pas si revenant vu son inutilité sur le « Rockin’ Wit Tha Best ») ne font que de la figuration, ou alors partie du décor.
Pour que Redman soit vraiment sur pied, ce sont des grosses Timberland à ses pieds qu’il lui faut. M-Phazes s’en tire à bon compte avec « Cheerz » (feat Melanie Rutherford) et l’ami Method Man lui rallume la flamme de son spliff sur « Lite 1 Witcha Boi », qu’il passe à Bun B sur le troisième couplet. D’autres titres viennent sauver Reggie, sa technique de « Tiger Style Crane » et le soulful « All I Do » qui convie Faith Evans, sur lequel le rappeur de Brick City raconte à quel point il était fana de Michael Jackson. Ce sont des instrus comme ça qu’on veut, pas de ces trucs archi-commerciaux comme « When the Lights Go Off » feat Poo Bear. Qu’est-ce que ça vient foutre sur un album de Redman ? À quoi ça sert que Redman se contraigne à s’adapter à des modes qui ne lui correspondent point ? C’est se donner du mal pour rien, ça fout les glandes.
C’est dire, j’ai préféré sa mixtape Pancake & Syrup, qui au moins contient l’extrait « Lookin Fly » (dont le clip est inspiré de « Rock With You » de Mijac), ainsi que « Live 4 The Funk » avec des couplets virtuels de Nate Dogge et Biggie, et « FLY », très gros son de Illmind, entre autres remixes (« Feel So Good » de Dwele) et freestyles. Ça évitera de s’attarder sur un album dont il n’y a pas grand chose à retenir malheureusement pour nous et pour lui. Vu que son prochain solo sera Muddy Waters 2, il faudra qu’il mettre les bouchées double.
Il parait que Reggie est le dernier album du Funk Doc sur Def Jam et qu’il signerait peut être sur Shady Records…. :S
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Très déçu de l’album, dire que c’est un des albums de 2009 que j’attendais le plus… Et puis quand je vois que « Mind On My Money », « How To Be An MC », « Lookin’ Fly » et la tuerie « Oh My » ne sont pas dans le skeud…
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