Quelle daube c’était J.O.S.E. 2, rholala… Le Gros Joe avait touché le fond, et faut arrêter de dire que c’est la faute des prods. 50 Cent a beau le beefer, de toute façon la crédibilité du Don Cartagena était en lambeaux depuis qu’il promettait de sortir de bons disques. La donne a changé, il est loin le souvenir du Fat Joe présentateur de Pimp My Ride Europe en Hollande, en plus les majors l’ont lâché, euh… Même les D.I.T.C ont ressorti un album sans faire appel à ses services. Au bout d’un moment, quand le pire est passé, les choses finissent forcément par aller mieux.
Il suffisait pourtant de peu pour que Fat Joe redresse la tête, il fallait juste arrêter de penser renouer un jour avec le succès qu’il a vécu il y a dix ans. Point de départ d’une trilogie, Darkside vol.1 est potentiellement son meilleur album depuis le début du millénaire.
Les pseudo-instrus sudistes, les featurings mainstream superflus, tout ça c’est terminé. C’est au Fat Joe du Bronx qu’on a affaire, et il est fermement déterminé à rehausser son jeu, prêt à découdre dès que l’introduction de ce dixième album est dynamitée. Les Cool & Dre, avec qui il collabore depuis All or Nothing, ont laissé leur vibe à Miami pour livrer des beats enfin en cohérence avec les origines rapologiques de Joe, comme le soulful et sombre « Valley of Death » et « At Leat Supremacy » featuring Busta Rhymes, le coup de marteau final. Certes ils produisent aussi ce single « If It Ain’t About The Money » avec Trey Songz pour faire rappliquer les minettes, sans compter le « How Did We Get Here » feat R Kelly qui rendent Joe plus light que fat avec une dose de r&b mesurée.
Ceci dit, ce n’est pas une illusion, le rap new-yorkais renaît peu à peu de ses cendres. Joey défend son honneur de MC et déploie un sérieux revers à ses haters sur « I Am Crack », sur un instru bien street de Just Blaze qui déboîte. Le titre qui suit « Kilo » continue dans cette veine très rue saupoudrée de drogue, avec la présence notable des Clipse et Cam’Ron en dealers de rime. Et il y a ce titre qui à lui tout seul redonne les points de crédibilités de Fat Joe : « I’m Gone ». Cette triste instru de DJ Premier a été conçue le jour de la mort de Guru, à qui Fat Joe rend hommage, et aux Gangstarr en général. La seconde moitié du morceau est consacré à d’autres hommages et une mise au point de Fat Joe, qui regagne notre estime. Superbe, rien à redire sur ce morceau dont on reparlera dans plusieurs années. Et comment ne pas penser au titre de KRS-One quand Fat Joe rappe « Rapper Are In Danger », encore une mise en garde sérieuse.
Pas vraiment une fausse note mais on se serait passé du faux-featuring de Lil Wayne sur « Heavenly Father ». Par contre le producteur westcoast Scoop DeVille (pour Snoop Dogg, B-Real…) assure sur le banger « Slow Down » dont le refrain est laissé à Young Jeezy. Un bon single qui a déclenché une mini-vague de remixes et freestyles. La patte du producteur est plus facilement reconnaissable sur « No Problems » avec un beat similaire à « I Wanna Rock » de Snoop. L’apparition de Too Short sur « Money Over Bitches » était aussi tout trouvé.
Montrer son côté obscur caché durant tout ce temps nous permet d’observer Joey Crack sous son meilleur jour sur le plan lyrical, et le choix des instrumentaux est pour une fois convaincant. Quarante ans, l’âge de raison des rappeurs? En espérant sincèrement que le Darkside vol. 2 ne sera pas qu’une simple suite.
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