Lorsque j’ai découvert Lil Jon & The Eastside Boyz en 2003 avec Kings of Crunk, j’ai jeté aux orties tout ce qu’il faisait, qualifiant sa musique de beats recyclés sur fond de musique techno. C’est en écoutant ses instrus pour d’autres rappeurs que j’ai fini par le respecter puis l’apprécier à un point que je n’aurai moi-même pas eu idée car j’ai acheté l’édition triple CD de Crunk Juice, que je considère comme un classique du genre, au même titre que Kings of Crunk que je détestais tant.
Maintenant quelle déception de constater qu’après quatre années d’enregistrements, de problèmes de labels et de multiples échecs de lancement de cet album (« Snap Ya Fingaz » en 2006 et récemment « I Do » avec Snoop et Swizz Beatz), Lil Jon a liquidé une partie de son crunk non pas dans du rock, mais de la dance. Heureusement, sans David Guetta, on a évité le pire.
Lire l’article « Get Crunk and Dance » sur Streetblogger en cliquant ici.
Il faut dire que le challenge que s’était imposé notre double recordman de ventes d’albums en indépendant pour cet album s’annonçait compliqué, même si marier ensemble les énergies du crunk et du rock promettait d’être de la bombe atomique. Je me rappelle comment « White Meat » et le bourrinnage assourdissant de « Stop Fuckin’ Wit Me » (extraits de Crunk Juice) m’avaient totalement défoncé la cervelle. On avait une idée très concrète de ce que pouvait engendrer le mariage crunk-rock. Surtout, il fallait donner tort aux détracteurs qui annonçaient la mort du Crunk. L’inactivité partielle de Lil Jon depuis 2007, qui a beaucoup visité les clubs du monde entier pendant son break (allant même dans notre Provinces française!), est peut-être la raison de ce désintérêt pour ce sous-genre de rap sudiste. Enfin, sa signature chez Universal Republic après avoir longtemps été la vache-à-lait de TVT Records (qui a fait faillite comme chacun sait) allait lui permettre d’achever Crunk Rock à 100%.
C’est quasi sans promotion que ce premier album solo de Lil Jon est sorti, une confusion qui a créé comme un semblant d’indifférence à l’égard de ce disque qu’on a un peu oublié à force d’ajourner la date de commercialisation. Pourtant Crunk Rock est bel et bien édité sinon vous ne serez pas là en train de lire la chronique de ledit album. Pour le défendre l’esprit crunk, Jon a eu envie de faire la fête comme une rock star. Les puristes du genre seront ravis d’entendre le remix de « Throw It Up » avec Pastor Troy et le jeune qui monte Wacka Flocka Flame. Sympa le clin d’oeil à Kings of Crunk mais ce qui nous intéresse réellement, en plus de voir comment a évolué ce sous-genre de club-rap, ce sont les morceaux crunk-rock proprement dits, et ils se comptent sur les doigts d’une main. Il y a d’abord les guitares électriques sur « Fall Out » avec les ‘up-and-coming’ Travis Porter, mouais, et plus franchement sur « Killas » avec Elephant Man au refrain et l’apport de Game et Ice Cube. Pas étonnant que Lil Jon ait comparé ce morceau un brin métal-crunk au classique « Natural Born Killaz » de Dre et Cube, mais personnellement je n’irai pas jusque-là.
Au lieu de quoi, le teufeur d’ATL réalise un morceau crunk… reggae, « On De Grind » en invitant Damian Marley et son frère Stephen pour le hook, se travestissant en Akon pour l’occasion. Une prise de risque maximale, plus pour Lil Jon que pour Damian qui n’a rien à se reprocher dans sa prestation. En tout cas, son crunk’n b est très au point, le hit « Ms Chocolate » feat R Kelly & Mario est im-pec-cable. Sa Crunk music typique est devenue plus minimaliste, et pour cause, Lil Jon a délégué la production de cet album à Drumma Boi (qui joue le rôle du co-producteur), Shawty Redd (qui crunke comme il faut sur « G-Walk » au point que j’arrive à accepter la présence de Soulja Boy), Catalyst et DJ Montay. En contrepartie, comme il s’agit d’un album ‘solo’, Lil Jon s’est concentré sur l’écriture. Avant, quand il était backé par Lil Bo et Big Sam, il ne fallait que quelques phrases gueulées et répétées jusqu’à ce que ça nous pulvérise le crâne, maintenant il écrit des couplets entiers avec son même flow de malade mental et ses célèbres gimmicks YEAAAAAAAAAAH, WHAT?? OKAAAYYYYYY. C’est un progrès, très relatif, les lyrics restent basiques de chez basique.
La scène d’Atlanta n’est pas beaucoup mise en avant sur Crunk Rock, mais c’est un plaisir de retrouver les Ying Yang Twins en forme sur le salace « Ride Da D », avec un D comme ‘dick’. Pour foutre le souk dans les clubs, Lil Jon n’hésite pas à réclamer de la meuf en chaleur avec des tracks racoleuses comme « Pop That Pussy », « Like a Stripper », le slow moite « Moist » feat Oobie et « Every Freakin Night » qui ose sampler du Jodeci. Des instants XXX pas nécessaire quand il fait appel aux super fêtards des LMFOA pour les hits « Shots » et « Outta Your Mind ». C’est trop tard pour se rendre compte que les choses se gâtent car dans sa volonté d’instaurer des tracks pour les clubs, Lil Jon s’est implanté dans la dance. Arg. D’ailleurs pour l’article écrit sur Streetblogger, de ‘Party like a rock star’ j’ai opté pour ‘Get Crunk and Dance’. Depuis « Like a Stripper », j’écoute de la crunk…dance : uptempos sudistes et synthés typés eurodance entrent dans la danse. Allergie immédiate, « What a Night » et « Work It Out » avec le faux-rappeur Pitbull me sont hautement irritables et ça dure… jusqu’à la fin de Crunk Rock.
C’est déplorable pour un producteur de ce calibre suive une tendance qui détourne cet album de son objectif initial, c’est-à-dire se marier à l’énergie du rock, bien que Lil Jon ait tenté de réarranger la musique dance avec du crunk. La question de savoir si le crunk est mort ne semble pas opportune.
Ayant un faible pour le crunk et ses dérivés (combien de moments passés à délirer sur du Lil Jon ou autres) cette nouvelle orientation me donne à la fois un sentiment de gâchi (de son « savoir faire ») et de tromperie (Crunk WHAT?!). Auquel s’ajoute le sentiment de déjà (très) entendu sur pas mal de morceaux. Ah et puis crime de lèse majesté, pas de Snap Yo Fingers. Du coup après avoir plus ou moins laissé tourner plusieurs fois cette tambouille, honnêtement je retiens seulement Get In Get Out, Killas et Outta Your Mind, qui m’amusent vraiment tout en ayant un côté nouveauté.
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moi je trouve que cet album est terrible!!!apres c’est vrai qu’il fait un peut dance, mais il est vraiment dansant!!!!!bref l’album de l’ete…..
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