Raheem DeVaughn « The Love & War Masterpeace » @@@@½


Cela ne fait plus de doute maintenant : Raheem DeVaughn sonne comme un nom prestigieux de la soul/r&b. Confirmé par deux nominations aux Grammy Awards (en 2008 pour son titre « Woman » et en 2009 avec « Customer »), Raheem n’a pourtant pas bouleversé ses habitudes en continuant de collaborer aussi bien avec des pointures du rap (De La Soul, Ghostface, The Game) que des artistes hip-hop pas encore révélés au grand public (X.O. Des Diamond District, Apple Juice Kid,…). Le succès ne lui est pas monté à la tête, seul la reconnaissance de son immense talent lui suffit. Et sa soul music haut de gamme, il s’en sert sur The Love & War Masterpeace (choisissez de préférence la version Deluxe) pour transmettre l’éternel message de paix « faites l’amour, pas la guerre », à travers un discours engagé.

Dr Cornell West, personnage récurrent de ce troisième album, a la charge de présenter le chanteur et cette oeuvre sur fond sonore de soul 70s. Car c’est cette soul-là que Raheem remet au goût du jour : revendicatrice, pointant les drames et les injustices du monde. Levant le poing sur la pochette, il envoie un signe fort de la lutte des afro-américains, et pas seulement. Arrivant en seconde piste, son single « Bulletproof » prend la défense des jeunes soldats enrôlés qui font leur service de chair à canon et tuent sur commande dans des conflits ingérables qui ont fini par dépasser les intérêts du gouvernement américain. Sur ce puissant titre (qui sample « The Other Side of Town » de Curtis Mayfield), Ludacris prête main forte en haussant le ton sur le troisième couplet, se mettant dans la peau d’un soldat implorant un salut qui ne viendra pas.

Dans son combat, d’autres voix unies pour stopper la violence s’élèvent aux côtés de Raheem DeVaughn : Chrisette Michele, Bilal, Anthony Hamilton, Chico DeBarge, Citizen Cope, Dwele et Jill Scott qui termine par du spoken-word. Une sorte de mini-We Are The World exclusivement soul ! Fabuleux, toutes ces voix qui s’accordent ensemble ! Enchaîne « Revelations 2010 », sur un sample de « Look of Love » d’Isaac Hayes cette fois, un regard sombre sur la place des afro-américains au sein des Etats-Unis en cette fin de décennie, avec en guest star le fils Damian Marley. D’autres chansons portant sur ces thèmes figurent sur le second CD (« Soldier Story »).

The Love & War Masterpeace équilibre avec des down-tempos r&b terriblement sexy (« Bedroom », « Garden of Love ») et des grooves commerciaux non moins infectieux (« I Don’t Care » et « The Greatness » feat Wale). Avec Raheem, c’est tous les jours la journée de la Femme, l’homme sait faire preuve d’un romantisme loin d’être ridicule, vertueux et respectueux (« My Wife », « Mr Right », le slow « Fragile » avec le slammeur Malik Yusef), des chansons toutes bien produites par Kenny Dope, Ne-Yo et Stereotypes. Certes reexploiter de la Soul dans la Soul moderne par les samples n’est pas l’idée du siècle et il n’y a pas d’innovations dans le style à proprement parler. Mais tout se déroule tellement bien ! Sa voix fait des miracles, son style plus que mature, tout comme ses textes exempts de toutes niaiseries bonnes pour les adolescentes en rut, bien que « Microphone » rendra folles n’importe quelles filles se trouvant aux premiers rangs pour écouter cette chanson faite pour la scène. Et lorsqu’il déploie son falsetto, il ne perd jamais un poil de virilité. Un mec, un vrai quoi, pas la peine d’être jaloux (je m’adresse aux hommes là).

Le second CD présent sur la version Deluxe (que je conseille chaudement) propose un supplément substantiel de 11 tracks (dont 3 interludes du docteur Cornell West). Le premier titre est un morceau ghetto-soulful en collaboration avec Bun B pour la caution street, « Wing and a Prayer ». Dessus se trouve d’autres ballades, rythmées (« Hopeless Romantic ») ou langoureuses (« Callin’ Me » et « XOXO »). « Super Hero » n’est pas le type de chanson que l’on croit, il s’agit d’un superbe titre dédié à sa mère, ou à toutes les mères. C’est le « Dear Mama » de Raheem. Puis, pour le fun et pour prolonger le plaisir, rien de tel que les dix minutes de house-music de « Lose Control » pour danser et ne plus penser à rien. Très franchement, considérant cette version Deluxe, je la situe personnellement au même niveau des meilleurs doubles-albums de R Kelly. Approuvé par Big Ad.

Ps : Désolé Arnaud ! lol

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Nass' dit :

    Une erreur semble s’être malencontreusement glissée dans ta chronique sagi. Le titre de l’album se nomme « …. Masterpeace » et non « …. Masterpiece » à moins bien sûr de créer une analogie avec le contenu qui est effectivement exceptionnel^^

    Un effort dans la droite lignée de la classe attitude du chanteur et qui n’exige que de perpétuelles lectures pour en saisir la substantifique moelle. Me concernant, je laisse tomber le disque bonus car à l’exception de « Wing & A Prayer », le reste me semble inintéressant (le délire house « Lose Control » agresse mes oreilles plus qu’autre chose).

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  2. theChronic1986 dit :

    Un album assez exceptionnel, je n’y compte aucun déchets.

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  3. RemY dit :

    @@@@. Super album. Notamment pour le 2e cd (de la version deluxe), qui déchire avec la tuerie « Calling Me ». Par contre les interludes sont chiants à la longue. Avec Common pour parler comme dans « Man On The Moon » de Kid Cudi, ça aurait pu le faire …

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