P.O.S. « Never Better » @@@@1/2


P.O.S., ça ne me disait que dalle jusqu’à ce que je vois un article sur lui sur HipHopDX. Ensuite je reçois dans ma boîte à mails un communiqué de presse sur ce rappeur et son second opus, Never Better. Instantanément, je retiens quelques notes de ce communiqué : son surnom est l’abréviation de « pissed off Stef » (« marre de Stef », NdT), il été membre du groupe hardcore Com, il a sorti un premier album, Audition (qui s’est relativement bien vendu), qu’il a tourné avec Atmosphere et Gym Class Heroes et que c’est durant cette longue tournée qu’il a conçu Never Better, un skeud décrit comme du « hip hop transversal et énergétique », sorti chez Rhymesayers (Jake One, Brother Ali, Atmosphere, Psalm One…). En clair, un mélange naturellement survolté entre rap et rock. Allons-y franco !

On en a connu des tas de groupes mêlant habilement hip-hop et rock, et ce depuis les années 80 avec les Beastie Boys ou les Run DMC. Beaucoup d’ignorants crachent dessus sous prétexte qu’ils n’aiment pas le rock ou que ça ne se fait pas mais je ne les traiterai pas d’ignorants s’ils ne connaissaient pas les rapports qu’entretiennent le rock et le rap depuis 25 ans. En aucun cas je fais allusion à ces détournements scandaleux (comme la reprise de « Come With Me » de Puff Daddy en 98 ou le crash entre Linkin Park et Jay-Z) ou de néo-métal, ce sous-genre du courant métal (bientôt disparu) qui s’est accouplé avec de piètres rappeurs (Limp Bizkit en tête). Simplement, P.O.S fait – comme il dit lui-même – de la musique pour skaterboarders, à ne surtout pas classer avec le gentil Lupe Fiasco ou les N.E.R.D.. Tout le monde sait bien que le milieu du skateboard se situe à cheval entre la culture hip-hop, old school le plus souvent, trip-hop et punk-rock, et Never Better se situe sur la médiatrice entre ces courants tri-dimensionnels tout en étant à contre-courant. Vous suivez? La géométrie dans l’espace c’est pourtant pas compliqué.

Oubliez toute appréhension avant de passer aux choses sérieuses, Never Better s’adresse certes à des oreilles capables de jongler facilement entre le rap, rock, punk, trip-hop mais sans les désagréments inhérents à chacunes de ces musiques. Les productions ne saturent pas en riffs de guitares abrutissants ou ne surjouent pas dans le bourrin avec un cliché de rappeur habillé d’une casquette pour se donner un genre. Non je vous arrête tout de suite, on évolue dans un son brut et sophistiqué, une forme de musique très ‘américaine’ qui nécessite tout de même un minimum de QI pour comprendre son message politique (hérité de gènes de Public Enemy probablement) et son écriture dépeignant les méfaits du système sur les âmes errantes. Subversif dans ses propos, extrêmement impulsif dans son attitude, le flow de P.O.S s’overbooste au contact des instrumentaux, que ce soient des beats hip-hop (« Low Light, Low Life », « Savion Glover »), des instrumentations concentré en essence rock (« Been Afraid », « Terrorish »), ou même un alien du style Timbaland en période de grosse déprime et gothique sur les bords comme « Graves (We Wrote Books) » et le spleen « Optimist », sur lequel le rythme est construit autour de claquements de mains ou sur des objets. Never Better ne contient rien qui soit insolite, même lorsqu’il s’abandonne à du drum’n bass sur « The Basics ». Le sens auditif est englobé dans une sphère sonore, notre esprit stimulé par le taux de dopamine qui circule dans le corps de P.O.S quand il sprinte sur les batteries ultra-speed de « Drumroll » et « Purexed », ou se calme sur le le mélancolique « Never Better », un des titres phares de ce disque avec l’immense « Goodbye », qui mériterait d’être un single.

Y a pas photo, enregistrer un album entre plusieurs concerts permet de fabriquer des albums capables d’alimenter en adrénaline ou régénérer son auditeur sans avoir recours à une boisson énergisante. Never Better c’est du lourd sans être lourd, au sens saturation des neurones et des tympans, ceci grâce aux variations de tempo. On en ressort ébouriffé, électrisé comme après un concert où l’on prend plein la gueule pendant une grosse heure jouissive à mort. À côté de P.O.S., Lil Wayne (qui aime se prendre pour une rock star devant sa glace) passe pour un petit joueur. Ça reviendrait à comparer des Nickelback super speed avec des Jonas Brothers trop libidineux.

En temps normal, j’aurais mis un très solide @@@@ pour cet énorme disque. Le demi-point supplémentaire est venu se rajouter à cause de l’artwork du digipack très… artistique : le boîtier est réalisé en pochette plastique totalement translucide et contient plusieurs encarts transparents que l’on peut superposer avec les dessins abstraits dessinés dans le livret (qui peut faire également office de poster). La liberté de l’indépendance prévaut sur le formatage industriel du (bien) matériel.

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Yo Moma! dit :

    C’était bien Linkin Park et Jay-Z!

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  2. #Louka38. dit :

    Après une seconde écoute c’est un univers que j’adhère vraiment. Vraiment un très gros skeud.

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  3. Victor dit :

    J’avais écouté cet album après une chronique que j’avais lu sur un blog (en Février ! et l’album vient de sortir je crois…). J’ai franchement apprécié, meme si au début, j’ai eu clairement du mal à rentrer dedans. Mais, au fil du temps, j’ai su saisir l’immense créativité de cet album et de cet artiste. Finalement, j’ai adoré : 16/20

    A coup sur, je me le commande en tout cas.

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  4. yak dit :

    ca me rappel un peu la vibe de l’album de cannibal Ox

    mais c est du tres lourd un cohérence et homogénéité
    qui donne qu une envie l écouté d’un bout à l’autre

    sortie 2009

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  5. Milanico dit :

    Tres tres bon album. Le meilleur que j’ai entendu pour l’instant en 2009.

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