John Legend « Evolver » @@@@½


Je voulais m’inspirer du vidéoclip de « Green Light » pour lancer ma chronique d’Evolver, car elle illustrait parfaitement le coup de volant spontané de John Legend vers un nouveau cap artistique, vers plus de divertissement dans ses chansons comme il l’a lui-même cité, vers quelque chose de plus contemporain sans trop savoir où ça allait le mener. On l’attendait alors au tournant, le voilà qu’il reprend les devants avec une longueur d’avance, là où on ne l’attendait pas forcément.

John Legend est assis devant son piano, en train de jouer et chanter « Ordinary People » pour ses convives venus à sa soirée. Ils investissaient le spacieux salon de sa villa, siégeaient devant le bar ou sur la terrasse qui donnait sur le jardin. Il était là au milieu de tout ce beau monde, pour agrémenter l’ambiance, avec classe, en faisant partager son talent d’artiste, que ça plaise à ses invités qui eux manifestement, étaient absorbés dans leurs discussions futiles. Le blabla incessant des groupuscules de personnes dans la pièce commençait à l’agacer un peu plus chaque seconde, ça le gênait dans sa concentration. Se sentant comme ignoré par son propre entourage, John se mit à penser qu’il n’avait l’air que d’un vulgaire artiste de piano-bar juste là pour apporter une musique de fond, chez lui, à son propre domicile. Un comble de subir l’indifférence de ses amis, qui profitent de son hospitalité. Au fur et à mesure que le volume des bavardages augmente, le pianiste ne s’entend même plus chanter.

Puis il finit par craquer, arrête net sa partition et se lève brusquement de sa chaise. La coupe est pleine. Tous les gens se retournent vers le beau gosse métis, les visages surpris et embarrassés. Va-t-il les expulser hors de sa villa sous un élan de colère ? A la surprise générale, il commence à chanter le refrain de son nouveau single : « Give me the green light, just give me one night, I’m ready to right now, I’m ready to go right now ».

C’est parti pour faire bouger une forêt de jambes dans toute la baraque. Il donne le feu vert à Andre 3000, présent dans l’entourage mondain, qui produit ce morceau léger et dynamique suivant des notes de synthés Outkastiens et très lounge à la fois, avec des cuivres pour rendre l’atmosphère plus festive. Pour être radical, c’est radical comme changement de style, la coupure est nette et sans bavure. L’effet de cette composition résolument exaltante et neuve entre Andre et John est absolument génial. Qui aurait cru que leur collaboration aboutirait à un résultat aussi rafraîchissant et satiné. Et ce n’est pas déconcertant du tout, ni renversant d’ailleurs, John est vraiment hyper à l’aise tandis que Three Stacks se permet de lâcher un couplet pour notre plaisir. Le procédé évolutif se prolonge sur « It’s Over », un titre conçu par les Neptunes (en la personne de Pharrell) et qui s’inspire du new jack du siècle passé, ‘mid-tempoïsé’ avec des percussions pour donner un aspect organique au groove. Kanye West se fait remarquer une fois de plus avec sa voix trafiquée à l’autotune, son joujou du moment. En parlant de New Jack, Teddy Riley s’occupe du remix de ce morceau, disponible sur la version Deluxe de Evolver, et je dois dire que c’est assez… dépaysant, pour ne pas dire avant-gardiste.

Retour dans un sentier plus traditionnel dira-t-on avec « Everybody Knows », une promenade folk des plus réussies, pour revenir ensuite sur un duo r&b mi-synthétique mi-pop, « Quickly » avec Brandy. Toujours dans une optique de mélange des sous-genres musicaux, « Cross The Line » marie des mélodies familières avec une vibe sudiste électronique à la mode, un peu comme Usher sauf que John conserve une partie gospel et bluesy dans sa chanson, c’est beaucoup plus personnel et vivant. Puis il retrouve sa protégée anglaise Estelle sur « No Other Love », une chanson aux saveurs reggae bienvenues. En tout cas, c’est bien de se dépêtrer du conventionnel. Je ne reproche pas ce fait à ses deux premiers albums, qui sont impeccables et passionnants, c’est simplement que – je ne fais que me répéter – John a pris des risques qui s’avèrent payants. C’est bien, ça apporte de la nouveauté, on avance.

Message aux fans de la première heure de John Legend : soyez rassurés, il n’a pas abandonné ses belles compos piano-voix. Enfin, quand je dis ‘piano-voix’, ce n’est que la base de « This Time », qui intègre en plus des violons, de légères notes de synthés en fond, et après une guitare blues électrique. Splendide, la chanson grimpe en intensité au fil des paroles, se recalme un court instant et repart de plus belle, comme un ballet aérien. Le rythme reprend dès la piste suivante, « Satisfaction », où l’on retrouve différentes gammes de synthés. Franchement ou fraîchement (c’est selon) moderne à l’oreille, sans pour autant être ultra-originale car on ne s’égare pas dans l’inconnu, sinon ce serait une révolution musicale, et pas une évolution. Ça sonne bigrement bien, c’est surprenant d’entendre à quel point ce nouveau style de pop/r&b convient à John. « Take Me Away » masque bien des influences bossa-nova de type nujazz, la chanson est posée et ensoleillée comme un coucher de soleil. On ferme les yeux les yeux pour s’imaginer dans un décor de carte postale, près d’un bord de mer. On les rouvre sur « Good Morning », un réveil en douceur comme un baiser le matin et qui respire la bien-être. Les lignes de synthétiseurs un peu cosmiques comme j’adore, alliés à des éléments cuivrés suffisent à opérer la magie. Comme le dit John, c’est sa chanson d’amour préférée.

« I Love, You Love », magnifique. Très belle chanson à cheval entre blues et folk. Il y a des fois où je n’ai pas besoin de m’étendre davantage, les émotions s’en chargent. Et il y a des choses des fois dont on n’a pas envie que ça cesse. « If You’re Out There » est le thème de fin, et aussi le second extrait de Evolver, où John sort le grand jeu avec des chorales et des textes très spirituels, le tout sur une musique orchestrale. « The End » ? Sûrement pas, continue dans ce sens John, c’est mon conseil !

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. missfunkyfresh dit :

    bon album mais c’est le moins bien de JL

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  2. escobar56 dit :

    John Legend revient au top !
    Ce disque est phénoménal dans la mesure ou il marque une évolution claire dans la carrière de l’homme. Evolver contient le plus gros tube du chanteur : « Green Light ». John a innové, s’est renouvellé et tout ca pour mon plus grand plaisir. Ce disque est excellentissime.

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  3. Kév dit :

    Excellent album comme d’habitude dira-t-on voilà un artiste qui ne s’égare pas n’est ce pas Mister K.W !

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  4. MurPhy!!! dit :

    Je trouve cette album magnifique!!! La prise de risque marche bien, et j’èspere qu’il continura dans ce style!!! Ma chanson préféré est « Quickly » avec Brandy, ce duo est juste magnifique. Par contre, pour le remix de « It’s Over » par Teddy Riley, je le trouve pas si avant guardiste que sa même si c’est une bonne track!!!

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