Statik Selektah « Stick 2 the Script » @@@@


Producteur, DJ, A&R et jeune entrepreneur, Statik Selektah a suivi le cursus ordinaire d’un mixtape DJ, se fabriquant une certaine renommée dans l’indépendant au fil de ses services rendus pour les G Unit, Nas et Termanology, qui comme lui débarque de Boston. C’est d’ailleurs grâce à Statik Selkath que Terma a pu se construire une réputation, du circuit des mixtapes au statut de ‘unsigned hype’ le plus convoité. Comme c’est le cas de DJ Green Lantern, Statik est occasionnellement un très bon beatmaker, à notre grand étonnement, ce que personne ne savait avant son premier album Spell My Name Right sorti en Novembre 2007. Il a pu le confirmer davantage en produisant Grey Hairs de Reks (un disque vraiment terrible au risque de radoter), le MC étant signé sur son label ShowOff, et en s’impliquant en tant que directeur artistique sur le fameux Politics As Usual de son pote Termanology, le gros buzz underground de l’année 2008. Mi-Octobre, Statik Selektah, 26 ans, sort déjà sa seconde livraison, Stick 2 The Script, qu’il produit dans son intégralité, en rassemblant les meilleurs activistes de la scène hip-hop actuelle, toutes régions confondues. 

 

Ce disque partage certaines caractéristiques que l’on prête usuellement à des « albums de producteurs », comme l’assimilation à une compilation, à cause de cet indécollable stickers vendeur marquant les rappeurs vedettes. Sauf que Statik Selektah ne salope pas les morceaux avec des slogans tapageurs (hein DJ Khaled et DJ Clue) et ne pianote pas sur son BlackBerry au lieu d’une MPC ou SP. Au contraire, il produit chaque morceau qu’il propose à des combinaisons de rappeur et… il pose des phases de scratches, prouvant qu’il maîtrise l’art du DJing, comme trop peu le font actuellement. Cela fait pas mal de bons points à lui créditer. Mieux appliqué que ses confrères, plutôt que de mélanger n’importe quel rappeurs ‘hot’ n’importe comment pour vendre son produit, il les regroupe par affinités ou par la somme de leur potentiel destructeur, et offre des beats de très bonne qualité, essentiellement à base de samples de soul music texture alcantara.

Et ça commence fort avec « To The Top », servi par un triangle de la mort composé de Saigon, Cassidy et Termanology, et « For The City », où Jadakiss se retrouve entre Lil Fame et Billy Danze des M.O.P. pour représenter New-York. Quant à Bun B, depuis son couplet de ouf sur « How We Rock » de Termanology, il a l’air de se plaire à poser sur des instrumentaux Eastcoast, ici sur « Get Out The Way » feat Cory  Mo. Terma d’ailleurs se garde un titre solo, « Church », d’un niveau suffisamment élevé pour le classer parmi le tracklisting de son solide album solo dont tout le monde parle. Consequence aussi pose seul, sur « Mr Popularity », de bonne augure comme son. Par un curieux hasard, son cousin Q-Tip fait une brève apparition sur un court interlude, sur lequel il fait un peu de publicité pour son ami Busta Rhymes.

Natif de Boston, il est normal qu’il mette en avant les stars locales tels que ses protégés Termanology et Reks, réunis ensemble avec les forces conjointes de Slaine (La Coka Nostra), Masspikes Miles & more, sur « Streets of M.A. ». La ville de Philly est dans la place avec le camp State Property (Freeway, Young Chris, Peedi Crakk et pas Beanie Sigel), lâchant des couplets de feu sur « All 2gether Now », le South avec l’underground king Bun B, la Caroline du Nord avec la Justus League (au nom des Little Brother, Joe Scudda et Chaundon présents sur « On The Marquee »), Chicago et Detroit représentés respectivement par Consequence et Royce Da 5’9 (sur la piste finale), et pour finir la côte californienne avec « Cali Nights » (c’est indiqué dessus) feat Glasses Malone et Mistah FAB. Maintenant que le tour des Etats-Unis est complet, place aux autres best cuts de Stick 2 The Script. Elles sont faciles à repérer, elles sont désignées par des combos inédits : Redman, D.Dot et Black Rob sur le remix de « This Is It », saturé en punchlines, « So Good (Live From The Bar) » avec Reks à nouveau, le rookie Naledge et le sage CL Smooth, et immanquablement le velouté de soul « Talking Bout You (Ladies) » feat Joell Ortiz, Talib Kweli et Skyzoo dans le désordre. 

Maintenant que l’on s’est concrètement familiarisé avec le style de prod de Statik Selektah, de très bonne facture, constant et consistant, on sera de plus en plus réjoui à l’idée de le voir participer à de futurs albums hip-hop, car on sait maintenant qu’il fait du taf de qualité et qui crée le coup de coeur instantanément. Du moins, ça serait bien s’il est sollicité par d’autres rappeurs pour augmenter le taux d’intérêt d’un projet.

 

Dans ce même créneau d’album-compilation de producteurs indies, à venir prochainement White Van Music, premier album du producteur Jake One, fort intéressant sur le papier mais musicalement trop aplati car trop linéaire, trop homogène. Chronique le 10 Novembre prochain. Sinon ne manquez pas non plus King of the Decks de DJ Revolution, dispo en importation.

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. plb dit :

    C’est vrai qu’au niveau des prods c’est souvent la meme chose au niveau des drums et beaucoup de guitare je trouve
    Mais néanmoins on n’est pas lassé des prods comme on pourrait l’etre sur un album de 9th
    Mais l’album est très bon et « To The Top » est pour moi al tuerie de cet album!!!!

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  2. Flow dit :

    Moi perso j’suis du même avis que HeatMakerz, j’ai été un peu saoulé par moment par les prods, qui pour moi manquent cruellement de diversité au niveau des drums. Les beats sont tous les mêmes… on a l’impression c’est ?uestlove et sa batterie qui donnent le rythme durant tout l’album (attention j’kiffe quand même The Roots hein lol), les beats sonnent vraiment pareils dommage.
    Mais sinon bon album hein Statik Selektah livre un skeud de très haute facture avec sa touche soul bien saupoudrée sur chaque morceau, très plaisant tout ça…

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  3. baller38 dit :

    bim la claque que j’ai pris…j’ai quasiment découvert coup sur coup « spell my name right » et « stick to the script ». Non mais sérieux, avec le « reks » et « incise-nobody story », c’est l’album pour moi le mieux produit de l’année. Moi j’aime l’homogénéité, ça donne à un album une vrai consistance.

    pis la track de bun B et cory mo: Attention la tuerie!woooow!

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  4. HeatMakerz dit :

    C’est encore un bon album d’sa part mais ça reste trop lisse j’trouves au niveau d’la prod, beaucoup trop vu et revu, tjs la même prod quasiment. J’trouves qu’il varie pas assez ces prods même si ça reste de qualité.
    J’ai bien aimé ds l’ensemble, un bon album de DJ/Producteurs :]

    15/20

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