T.I. « Paper Trail » @@@


T.I. s’est lamentablement vautré de son trône de King of the South l’année dernière. D’abord sa couronne lui a paru trop petite, elle ne sied plus à sa tête enflée par la célébrité et l’orgueil. Comparer TI vs TIP, son plus mauvais album à ce jour, à un classique hip-hop comme Ready To Die ou All Eyez On Me lui a fait perdre une partie de sa streetcred. Lui qui avait tout raflé lors des cérémonies musicales s’est par la suite vu menotté quelques heures avant l’enregistrement des BET Awards édition 2007 lors d’une intervention du FBI, pour recel d’armes de gros calibre. Paper Trail, son septième album annoncé dès sa libération sous caution, était décrit comme l’album de la rédemption, un récit croustillant – il va de soi – sur ce chapitre très agité de sa vie. Qu’en est-il réellement ? 

La bonne nouvelle de ce disque, ce sont les retrouvailles avec DJ Toomp. Il use d’entrée deux cartes maîtresses, sur lesquelles T.I. déballe un flow inédit en 56 mesures dans un premier temps, et une démonstration de MCing sur « I’m Illy », un titre homonyme de… « A Millie » de Lil Wayne. Malgré ces réjouissances, on est loin du résultat triomphal de « What You Know » en 2006, son plus gros carton. Depuis qu’on lui a confisqué son arsenal, T.I. prend sa propre défense et se dit prêt à affronter les conséquences de ses actes. On attendait tous qu’il s’explique sur cette situation deshonorante qu’il a vécu durant un an de tourments avec la justice et les médias, sur le pourquoi du comment ; il nous donne sa réponse et sa version des faits sur « Ready For Whatever ». Il évoque sa surveillance à domicile, ses heures de services communautaires, comme sa seconde incarcération qu’il devra purger à partir d’Avril 2009 et ce pendant douze mois. Faute avouée, faute à moitié pardonnée comme on dit. T.I. en rajoute une couche sur « No Matter What », le premier single produit par Danjahandz servi par un air d’orgue assez religieux et quelques caisses qui tambourinent. Néanmoins, le rappeur pêche par excès de confiance dans son sermon prechi-precha. Il remet d’ailleurs le pied sur son quartier de Bankhead, comme pour marquer son territoire, ce qui l’a mené à provoquer Shawty Lo des D4L pour en arriver au beef ridicule qui a alimenté la presse musicale à potins durant tout l’été. Il continue de s’en prendre furieusement à ses opposants sur « Every Chance I Get », comme s’il voulait raviver les tensions avec ses « ennemis » qu’on ne voit nulle part. Son insolence le conduit à une arrogance qui lui fait terriblement défaut. À sa place, je serais plus humble dans mes propos.

L’autre point positif qui excuse son discours toujours aussi souverainement hautain : la fin de son contentieux avec Ludacris. Pour rappel, les deux rappeurs d’Atlanta se sont affrontés verbalement sur « Stomp » de Young Buck il y a quatre ans de cela, c’est de là que les hostilités ont commencé et encore l’an dernier, il y a eu cette altercation entre Chaka Zuku, manager de Luda, et T.I.. Sur ce futur gros hit qu’est « Top of the World », les deux anciens rivaux font copain-copain comme si de rien n’était, avec entre les deux au refrain B.o.B., la nouvelle sensation venue d’Atlanta qui se débrouille très bien pour faire en sorte qu’on mémorise facilement le hook. Si Tip aime bien montrer qu’il a toujours autant de mordant quand il est question de se la raconter, et c’est ça qu’on kiffe chez lui, les productions ne conviennent pas vraiment à son tempérament. Ça manque sérieusement de nerf. Hormis le banger « Swing Ya Rag » dont on reconnaît vite fait la patte du Swizz Beatz des bons jours, des tracks un peu ranplanplan ou des tubes artificiellement accrocheurs dérivant dangereusement vers la pop (j’y reviendrai plus tard), il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Il nous avait parlé d’un titre qui s’appelle « Let That Beat Pound » mais il n’en reste aucune trace. On se contentera alors de « Swagga Like Us », une puissante tuerie en duo avec Jay-Z featuring Kanye West et Lil Wayne qui font tous les deux mumuse avec l’autotune. Réunir les quatre rappeurs qui ont affolé Soundscan ces deux dernières années (en boudant 50 Cent), c’est un bel exploit. Cet extrait sert aussi de single au Blueprint 3 de Jigga (prévu pour la mi-Décembre), logique puisque c’est indiqué T.I. & Jay-Z, qui lui offre le meilleur couplet de Paper Trail, Tip pas loin derrière.

Y a pas photo, les singles ne sont pas ce qui manque à Paper Trail. « What Up, What’s Happnin » fait la nique aux haters de T.I., comme si une fois ne suffisait pas, et « Whatever You Like » (prod. Jim Jonsin) a jumpé au top des charts US malgré le net manque d’inspi qui le contraint à se répéter au fil des albums. Après son apparition sur « My Love », Justin Timberlake lui renvoie la balle avec « Dead And Gone » (co-produit par Rob Knox). C’est pas mal foutu mais le résultat nous laisse sur une légère déception si on s’attendait à une collaboration plus entreprenante. Ensuite, il y a la chanteuse Rihanna, dont la simple présence révèle un autre morceau radio, « Live your Life ».

Et tout à coup, ça coince. C’est le cataclysme.

Just Blaze a samplé O-Zone !!! Oui, « Dragosta Din Tei » des O-Zone ! C’est affreux, c’est horrible ! Aux Etats-Unis les gens ne connaissent pas la techno moldave mais chez nous, on en a souffert suffisamment comme ça ! Tant qu’on y est, pourquoi pas du Las Ketchup !?! Laissez tomber, fuyez ce « morceau de rap » comme la peste. Bon, c’est vrai que Ludacris avait repris « Satisfaction » de Beni Benassi et c’était mortel. Mais là… Bref, on oublie. Je termine en vitesse avec « Porn Star », un titre r&b pour la figure imposée, le transparent « Slide Show » feat John Legend produit par Kanye West et « You Ain’t Missin Nothin », qui comme son nom l’indique montre bien qu’on loupe rien d’extra. 

Paper Trail est un poil meilleur que son précédent disque mais je reste sur ma faim. Je suis amer de ne pas avoir été convaincu, moi qui m’attendait à un retour fracassant. T.I. conserve de justesse son statut de superstar du rap au sens où il demeure un artiste commercialement viable, mais désormais c’est la rue et son public qui lui dicteront s’il est digne de reconquérir son titre de king of the south. Comme s’il y avait tout à refaire. Sa meilleure période pour l’instant se situe de Urban Legend à King, deux albums que je ressors une fois de temps en temps. L’image qu’il possède en ce moment n’est que son reflet vu du revers de la médaille.  

12 commentaires Ajouter un commentaire

  1. gisan pls58ne dit :

    Tres tres bon album !! j’adore !!

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  2. simon dit :

    je suis bien d’accord avec toi ! c’est sur qu’on a connu mieux de sa part mais moi je trouve surtout que ce qui est nul c’est les singles de base qui sont affreux du genre « whatever you like » ou enore « live your life » qui dès le début a une petite ressemblance a un kamini des grands soirs en exagérant bien sur . mais sinon swagga like us envoie vraiment notamment grace a jay-z et young weezy que je kiffe .

    14/20

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  3. hugo dit :

    2/5 on est à des années lumière de KING ! Bon il est encore jeune le T.I., même Nas et Jay-Z ont connu le creux de la vague. J’avais de l’espoir en écoutant « No Matter What », puis « Swing Ya Rag » et puis y a eu ce catastrophique « Whatever You Like » puis le duo avec Rihanna, c’est Just Blaze qui produit !?! Y a du T.I.P. dans I’m Illy, c’est bien vénère et puis on s’emmerde vite… Swagga Like Us heureusement qu’il y a le God MC pour sauver les meubles, je n’ai rien contre l’autotune mais sur ce titre West et Wayne en abuse et c’est dégueulasse ! C’est le genre d’album qui fait bander Laurent Bouneau avec des singles bien pourris !

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  4. arthur dit :

    Mec je suis 100% d’accord avec toi, T.I n’a pas encore fait mieux que Urban et king.

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  5. nightroad dit :

    oué c’est beaucoup mieux que le précédent album , mention spéciale au duo avec ludacris , domage que kanye et lil wayne soit dans swagga like us , et le duo avec rihana hormis le début; a un bon beat seul les références a ozone gâche le truc mais c pas un mauvais titre

    TI est sur la bonne voie en tt cas …

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  6. Anonyme dit :

    sii sii l’album est bon , peut etre pas tres street mais c’est du bon peut etre que à force d »ecouter le rap francais certains se sont salis les oreilles ha……ha…..ha bref

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  7. sarah dit :

    vive PAPER TRAIL !! Album a acheté de toute urgence et à écouté encore et encore !!!!!
    Mr T.I respect à toi !!! et bon courage pour la suite !!

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  8. sarah dit :

    la critique de cette personne sur TI est nul a chiez serieux !! son album il dechirre !!!! que ce soit commercial ou pas c’est pas ton probléme faut bien qu’il gagne de l’argent et son titre de king of the south il le merite largement !!!!! t’as qu’a ecrire des ziks toi essaie un peu de les commercialiser et aprés tu pourra critiquer

    paper trail il déchire grave !!! et ttes les ziks sont terribles !!! vive TI vive le king of the south !!! respect a lui et j’éspére que ca durera le plus lgt possible comme sa !!!

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  9. escobar56 dit :

    Comme je l’ai dis dans ma chro, Paper trail est clairement meilleur que TIP. Maintenant il y a toujours quelques écarts par ci, pas là mais je suis globalement satsfait de ce retour. The king is back ?…

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  10. Un bon skeud au final. Vu que j’ai trouvé TI VS TIP ultra ultra moyen ( 11/20 ), j’pensais que Ti allait encore tomber plus bas aux vues des extraits qui étaient dispo à un moment donné puis au final j’suis bien surpris dans le sens où j’en attendais strictement rien.
    Comme c’est dit TI n’a plus le même level à part sur certains moments où il appele des invités pour partager le mic, là j’trouves il se met  » en compét  » contre ces invités et il se donne beaucoup plus. Enfin c’est l’impression que j’ai quand il pose avec Luda ou encore sur l’excellent Swagga Like Us. Aprés y’a encore de beaux déchets comme l’inaudible single Whatever You Like mais c’est déjà mieux que le précédant opus

    14/20

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  11. Sagittarius dit :

    Ah je dis pas le contraire mais c’est pour moi une seconde semi-déception, comme tu disais il a perdu son swag, cet espèce de côté acharné/crève-la-dalle.

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  12. Flow dit :

    Rolala tu compares O-Zone avec Benny Bennassi ahah.

    Et puis merde moi j’l’aime bien ce Live Your Life (hormis l’intro et l’outro qui sont vraiment copiés-collés sur O-Zone, horrible…).

    Sinon à part ça j’dirais à peu près pareil, moi j’suis d’abord déçu par son flow en fait, qui est très quelconque à part sur certains morceaux où il parvient à un « high level » mais c’est quand même rare. Il lui manque son « swag » d’auparavant.

    Et question instrus… Ca déboite souvent c’est clair mais on a la nette impression qu’il tourne en rond album après album, il a du mal à se recycler et n’a plus d’inspi, alors il se cherche des ennemis à clasher comme c’est bien dis ici etc… et quand il rappe sur quelque chose qui sort de son registre ça passe pas (perso j’ai failli m’endormir sur la fin du skeud après SLU, d’ailleurs très bien trouvé le sample de voix de M.I.A. par Kanye).

    Mais sinon c’est quand même un bon skeud hein, à écouter bien sur.

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