Les Sa-Ra Creative Partners, c’est une formation californienne composée de Om’Mas Keith, Shafiq Husayn et Taz Arnold, tous trois musiciens/producteurs/interprètes géniaux qui ne font rien comme personne dans la Voie Lactée. Ces hipsters en puissance au look rococo ultra-classos ont été pour moi ZE sensécheune de l’année 2007 avec leur premier LP Hollywood Recordings chez Babygrande. Peu de gens ont entendu parler de ces extra-terrestres hip-hop qui ont l’air d’avoir débarqué du XVIIe siècle avant que Kanye West les signe sur G.O.O.D Music. Hélas ou tant mieux, Sony-BMG absorbe le label de Kanye et les Sa-Ra redeviennent indépendants.

Comment décrire cet OVNI… Une rencontre entre George Clinton et Jay Dee répartie en trois entités, un Hip Hop d’un genre nouveau qui touille funkadelic et Soul psychélique avec cette attitude anti-conformiste que l’on retrouve chez les Outkast, et bien sûr cette touche très spécifique des Sa-Ra, que ce soit au niveau des chants ou des sonorités « electro-kitschic ».

Dès le très sexy « Hey Love« , les Sa-Ra font déjà leurs plans sur la comète. On ne peut dire d’eux qu’ils ont les pieds sur Terre, mais quelque part dans le cosmos musical que l’on entrevoit sur « Glorious« , un voyage intergalactique où les organes internes de l’appareil auditif perdent totalement leur équilibre pour créer une sensation extraordinaire d’apesanteur. Le laid-back « So Special » (avec la séduisante Rozzi Daime) et « And If » (feat Ty de Ty & Kory) semblent raconter des histoires d’anticipation idylliques sur une planète paradisiaque habitée par des femmes androïdes.

Dans les clubs de la galaxie tournait leur single « Feel The Bass » avec Talib Kweli, un up-tempo cosmique qui puise son énergie dans les pas de danse. D’autres personnalités de la planète double-H font d’étonnantes apparitions comme Capone N Noreaga (« Not On My Level« ) et le gangster éclectique Kurupt sur l’entraînant « Lean On Me« . Les Sa-Ra nous aimantent sur le dancefloor, jusqu’à la programmation électronique « White« .

Le quart d’heure pour la gente féminine de « Bitch » au trippant « Sweet For You » avec Bilal se complait dans cet espèce de Hip Hop minimaliste avant-gardiste avec une goute de ‘soultronique’. La sérénade « Do Me Gurl » joue des clavecins synthétisés off-beat pour supplier leur dulcinée de venir chanter sur le candide « Ladies Sing » lors d’une après-midi champêtre. Le temps de profiter de l’up-tempo « Tracy » que l’on décolle à nouveau dans la nébuleuse de « Fly Away » qui associe la mystique Erykah Badu et l’âme soeur Georgia Anne Muldrow. Une pure merveille d’esthétisme nusoul.

Sur cette édition long format figure les faces A et B de leur maxi The Second Time Around, à savoir « Fish Filet » featuring Pharoah Monch qui nous entraîne sur la trajectoire spatiale du dantesque « Thrilla » avec J Dilla en chair et en os.  Et puis le final « Hollywood Redux » (‘redux’ = remix en langage Sa-Raïen, NdR)… on croirait faire une balade sur un yacht volant supersonique au dessus des flots de la côte californienne pour rejoindre le soleil couchant à l’horizon, entre mer et étoiles…

Chaque fois que j’écoute ce disque dans ma sphère, il m’évoque des souvenirs d’enfance remontant des années 80, comme ces dessins animés japonais de science-fiction (Albator, Capitain Flam, Ulysse 31…) et les premiers jeux-vidéos qui se déroulaient dans l’espace. Hollywood Recordings me procure des impressions inédites. C’est romantique, cosmique, exotique, extravagant, fantasque, créatif comme on a rarement pu entendre. Du hipster hop simultanément futuriste et vintage, en une phrase : c’est vraiment SPACE ! Les mots me manquent quand il s’agit de parler de cette expérience unique.

(chronique écrite le 30 Juillet 2007 )