Malgré un Powerballin’ ultra-mainstream et certifié (que) disque d’or, les amateurs de rap ne se souviennent de Chingy que pour ses gros cartons « Right Thurr » et « One Call Away ». L’ex-protégé de Ludacris et fugitif des Disturbing Tha Peace a perdu gros en traçant sa route en solo, alors qu’il n’était qu’un ‘one-hit-wonder’. On aurait dit la réaction d’un adolescent qui s’impatientait de quitter les bras de son tuteur, grossière erreur que de trop s’écouter. Quoi qu’il en soit, les scores de vente de ce Hoodstar (Slot-a-Lot/Capitol), qui peine à atteindre les 200 000 exemplaires, donnent raison aux détracteurs qui ne voyaient en lui qu’une machine-à-fric au succès éphémère. Ce n’est pas pour autant que l’on ne va pas s’attarder à disséminer quelques progrès chez Chingy (si progrès il y a) avec ce 3e album, qui se départage en deux parties comme suit :
Hoodside alias le côté street-bangers :
Apparemment, il s’agit de la partie la plus ‘virile’ du disque. Ne cherchez pas les sujets dits conscients, l’écriture et la réflexion sont des concepts dont Chingy a encore du mal à cerner. Une introduction vite passée, cette première partie ne compte guère que cinq titres, aux instrumentaux destinés aux dancefloors. Si « Hands Up » échauffe les tympans avant d’entamer le monstrueux « Club Gettin Crowded » avec les Three 6 Mafia toujours aussi impressionnants, on retrouve vite ensuite cette fadeur propre au rappeur, en gros ce qu’on pourrait appeler sa vacuité lyricale. Si le flow en est bonne voie, sa voix n’a pas changé d’un ton : il parle toujours du nez mais il n’y peut rien non plus, que voulez-vous. « Cadillac Door » feat Midwest City est pas mal sinon. Au fait, ils deviennent quoi les G.I.B. ?
Star side alias le côté club-bangers et lover :
Pas de grosses différences avec la première partie, si ce n’est une symétrie au niveau thématique puisqu’ici il s’agit de parler de filles et de faire bouger des boules. Jermaine Dupri signe deux bon singles, « Dem Jeans » et « Pulling Me Back » feat Tyrese, celle-ci s’inspirant de la mélodie de « Rain » du groupe r&b SWV. Mr. Collipark de son côté procède à une interpolation de « Nasty Boy » de Janet Jackson (une collègue de label, ce qui signifie moins de droits à payer) pour « U A Freak (Nasty Girl) ». Mannie Fresh et Timbaland quant à eux déçoivent un poil malgré leurs talents respectifs, dans le genre ce sont des dérapages qui arrivent même aux meilleurs. Et pour clore le tout, le braillard de service Fatman Scoop vient provoquer des otites sur « Let’s Ride » produit par Kwamé.
Pour cette fois, Chingy est sauvé par des producteurs en vogue et quelques titres accrocheurs qui ne nécessitent pas de se creuser les méninges. La qualité stagne, Hoodstar est en quelques mots une tentative de maturité artistique avortée. Dans cet ensemble quasi superflu, c’est tout juste convenable venant d’un rappeur comme lui, sans vouloir être de mauvaise foi (on est vraiment gentil là surtout si on le compare à des Yung Joc ou Young Dro). Reste à savoir si les responsables de sa maison de disque ne vont pas gentiment lui montrer le chemin de la sortie. Histoire de lui mettre un petit coup de pied au cul.