Les Neptunes avaient permis à Ll Cool J de se faire une cure de Jouvence (‘Ten’) et Timbaland une bonne cure de remise en forme (‘The DEFinition’). La pochette de son 12e (!) album arbore la musculature de notre rappeur, et n’est pas sans rappeller celle de ‘Mama Said Knock You Out’ (les poils sur le torse en moins). Et ‘Todd Smith’ (Def Jam/ Barclay), qui est le nom de famille de LL, évoque forcément ‘Mr Smith’, sorti en 1995 et aux accents r&b prononcés: on se souvient de « Loungin’ », « Hey Lover », « Doin’ It »… Todd Smith c’est aussi sa ligne de vêtement, dont on peut apercevoir un avant-goût de la collection dans le livret avec LL dans le rôle du mannequin. Mais ne limitons pas le côté artistique à quelques tablettes de chocolat enroulées dans des vestes en cuir, et passons en revue ce nouveau cru de James Todd Smith sous l’ère Shawn Carter.
Chronique originale écrite le 16 Mai 2006
Douxième opus, douze titres. Première indication, Ll Cool J n’a pas un seul morceau solo, ou presque (« #1 Fan »). La seconde, les trois quarts des guests sont des chanteurs r&b. Soit. ‘Todd Smith’ démarre sur les chapeaux de roues, avec un duo fracassant en compagnie de Juelz Santana, qui témoigne de la sportivité de notre vétéran du Queens face à la jeunesse actuelle. Autre belle démonstration Hip Hop, une rencontre toute aussi musclée cette fois avec Freeway sur « What You Want », un bel échange de rimes dans un bon esprit et des attaques bien senties sur les clichés matérialistes du rap mainstream et bling bling. Dans le même lot, on peut rajouter « I’ve Changed » avec un air de piano latino bien chaleureux. Bref du bon rap sur lequel LL pose avec une facilité déconcertante et avec style, du LL comme on aimerait en écouter plus souvent.
Comme d’habitude, à chacune de ses nouvelles sorties, un premier hit annonceur vient se glisser dans les playlists des radios et chaînes musicales. « Control Myself » possède un côté électro qui risque de faire fureur sur les dancefloors, une touche signée Jermaine Dupri qui retrouve le vent en poupe depuis ses récents succès pour Mariah Carey (« Get Your Number ») et Nelly (« Grillz »). Le featuring d’une Jennifer Lopez en manque d’exposition paraît obsolète, une autre chanteuse lambda aurait très bien pu faire l’affaire. L’omniprésent Scott Storch produit un banger soft avec le crooner Ginuwine au refrain (« Oh Weee » ) et la ballade « Best Dress » feat Jamie Foxx réalisée par The Neptunes surprend par sa sobriété. Bien que la qualité soit présente, ces deux morceaux déçoivent par leur platitude autant que leur légèreté.
‘Todd Smith’ marque les retrouvailles avec le binôme Poke & Tone des TrackMasters, qui lui avaient déjà fait quelques tubes par le passé. Parmi leurs productions, une chanson avec Mary J Blige (« Favorite Flavor ») dans un vibe r&b 90s qui fait penser à leur remix de « All Night Long ». Pour le reste, cela manque de relief et de rythme, et il ne serait pas subjectif de dire que les TrackMasters ne sont plus vraiment à la page mais restent doués en ce qui concerne les remixes: le bonus « So Sick (Remix) » à la sauce old school avec Ne-Yo rehausse le niveau. Les autres tracks orientés rythm’n blues ne sont pas à l’avantage de LL Cool J curieusement malgré la présence de Teiarra Mari, 112, Lyfe Jennings,… quoique « We’re Gonna Make It » de Bink! avec les Mary Mary est très bien.
Bien sûr, le mélange de rap et r&b dont LL a été le précurseur (avec « I Need Love ») n’est plus un concept dont pas mal de rappeurs nourris aux édulcorants se sont appropriés, Ja Rule et 50 Cent en tête. Mais dans ce domaine-là, James Todd Smith reste toujours authentique et ne démérite pas son titre de meilleur de tous les temps point de vue constance (pour la consistance cela reste contestable).