Prévu officiellement cet été, ‘Rebirth of a Nation’ (Guerilla Funk Recordings/ Groove Attack/ Nocturne) est sorti finalement au mois de Mars. L’affiche de cet album s’annonçait explosive et sonnait la révolution pour une nouvelle renaissance (en non l’inverse comme la France a connu avec Napoléon): du côté Est nous avons les Public Enemy et de l’autre, l’enemi public numéro 1 de la côte Ouest, la panthère noire Paris. Le trio formé s’était connecté ensemble sur ‘Sonic Jihad’ de Paris, sur l’incendiaire « Freedom (remix) » avec les Dead Prez en featuring. C’était déjà prometteur et donnait un avant-goût d’un album en commun que voici. Les soldats de la vérité font monter le volume et partent en guerre contre les hautes institutions politiques américaines, Bush et compagnie,… L’art de combattre le mal par le bien, à une période où la musique rap adoucit peu les moeurs.
Une préparation mentale est nécessaire avant d’entamer une ou plusieurs écoutes, afin de mieux appréhender et assimiler les propos limite propangandistes mais pacifique dans l’intention, ne faisant que mettre le feu sur l’huile déjà déversée. Par exemple, les messages dans le livret : « Say no to racist wars and murder for profits ». Le P Dog produit entièrement ‘Rebirth of a Nation’ et figure en tant que MC sur la moitié des productions. D’ores et déjà, les vrais fans des Public Enemy seront au départ déboussolés de les entendre poser sur des sons westcoast des fois un peu rock (« Hard Rhymin »), des fois un peu smooth (« Consequences » et « Invisible Man »). C’est assez inhabituel pour les PE quoiqu’on en pense. Seule constante, un Chuck D qui garde un phrasé vif et des lyrics lourds de sens qui offrent de la matière à penser.
Les gangsters révolutionnaires Dead Prez et le nigga with attitude MC Ren viennent en renfort soutenir la coalition des « Hard Truth Soldiers » tandis que Flava Flav se permet une brève échappée en solitaire (« They Call Me Flavor »). Quant à Paris, il invite l’excellent Immortal Technique sur « Field Nigga Boogie (XLR8R Remix) », la version originale étant sur ‘Sonic Jihad’ (très recommandé comme disque). Quoi rajouter? Il manque un ingrédient essentiel à ‘Rebirth of a Nation’: de la nouveauté. Ce deuxième album de la ‘trilogie’ des Public Enemy sonne comme un pétard plutôt qu’une dynamite. Nous ne retrouvons pas ici cette énergie régénératrice qui alimentait ‘New Whirl Odor’ sortit l’année dernière. Le discours est répétitif et le message sous forme de slogans dans leurs raps reste le même. Soldats peut-être, vétérans sûrement et le mouvement s’essouffle avec eux