Un jour dans sa vie, un artiste confirmé a le mérite d’avoir le succès mérité. C’est le cas d’Xzibit : Deux premiers albums remarquables (At The Speed Of Life et 40 Dayz 40 Nights), des featurings remarqués (« Bitch Please » avec Snoop Dogg, « What’s The Difference » sur Chronic 2001), et un peu de ‘ghostwriting’ par ci par là… Ce qui a valu pour X To The Z le titre d’une des meilleures plumes de la côte ouest, bien qu’il soit parfois à cheval avec la Eastcoast. Un coup de baguette magique de Dr Dre plus tard, les disques d’or deviennent platine avec Restless. Explicitement parlant, cela veut bien dire que notre bon docteur a réalisé ce troisième album. Restless, mot qu’il s’est tatoué sur la nuque.
Retrospective écrite en Aout 2004 revue en Décembre 2015.
Beaucoup de néophytes diront que c’est l’hymne « X » et sa mélodie de clavecin synthétique qui a permis à Xzibit d’avoir un succès international. Faux, c’est que vous avez oublié ses singles « Paparazzi » et « What You See is What You Get« … Le rappeur du Likwit Crew avait déjà bien avant ça une réputation sans faille dans l’underground, un pan de son talent félicité par le ‘teacher’ KRS-1, le baptisant « real raw underground roarness » (« Kenny Parker Show 2001« ). Un titre tout à fait mérité pour ce rappeur aux lyrics percutants et au flow rauque. A l’inverse d’un KRS, Xzibit s’est fait un nouveau grand copain, Eminem, avec qui il pose sur « Don’t Approach Me« .
Hardcore est un adjectif qui convient bien pour décrire Restless, toutefois un cran en dessous de ses deux premiers opus, moins brut(e). On doit ça à une dédicace à son fils (« Sorry I’m Away So Much« ), faisant office de parenthèse familiale et plus douce. Une manière de voir le côté sensible de la personne d’Xzibit, qui d’habitude charcute à vif. Son statut d’homme fort est introduit par le triomphant « Front 2 Back » (sur une prod monumentale de Rockwilder), où l’on peut entendre les bruits de caisse d’une Cadillac montée sur suspensions hydrauliques, une spécialité bien westcoast.
L.A. c’est aussi Hollywood, et si Restless était un film destiné à être premier du box office, enfin les charts, ce serait une superproduction : outre les productions de Dr Dre (« Best Of Things » et un « U Know » hypnotique), Eminem,… sont aussi crédités des producteurs eastcoasts tels que Rockwilder et Erick Sermon. Ce dernier signe deux instrumentaux monstrueux, sauce funk typique de E Dub, « Double Time » et « Alkoholik » feat les potes de beuverie J-Ro & Tash des Alkoholiks. Côté westcoast, on applaudit la très bonne performance sur « Get Your Walk On » (produite par le tandem Mel Man/Battlecat), la bombe idéale pour s’exercer au C-Walkin. Xzibit a aussi une fervente passion pour la mécanique (le ronflant « Rims & Tyres » produite par Soopafly avec King Tee, Kokane et Goldie Loc des Eastsidaz). « D.N.A. » (avec Snoop Dogg) débarque tout droit des nuages cosmiques de weed, X et Snoop planent tous les deux autour d’un mélange explosif de drogues et d’alcool sur un beat démentiel de Rick Rock. Une autre distraction d’Xzibit, c’est aller importuner sans merci les chiennes en chaleur (le single « Fuckin You Right« ).
Comme vous le voyez, Restless était predestiné à dépasser le million de copies. Non seulement grâce à la « Midas touch » de Dr Dre, mais grâce aussi à un casting trié sur le volet (Nate Dogg, Tha Licks, Goldie Loc, Kokane, Snoop, Em’, DJ Quik…). Une chose qu’on ne reprochera pas non plus à Xzibit, c’est d’être resté fidèle à lui-même par delà le succès certain.