Pendant les cinq minutes que vont durer la lecture de cette chronique, faites abstraction du contexte juridique tournant autour de la personne de R Kelly. Ce n’est peut-être qu’une précaution mais il faut savoir que beaucoup d’auditeurs ont jeté tous ses albums à la poubelle depuis que le monde entier a découvert le scandale de ses amourettes avec des adolescentes.
Chronique originale publiée le 12 Novembre 2005 sur Rap2K.
‘Happy People/U Saved Me’ est le 3e double album dans la carrière de R Kelly (avec le grand ‘R’ et ‘Chocolate Factory’). Seulement, le chanteur r&b s’est lavé de tout péchés : pas de featurings de rappeurs, pas de chansons en dessous de la ceinture, pas de tubes dancefloor sucrés et syncopés, pas d’air de guitare sonnant latino (une mauvaise habitude depuis « Fiesta »), etc… Tout ça pour revenir à l’essentiel du rythm’n & blues. Comme si Robert avait quelque chose à se reprocher…
Le premier disque ‘Happy People’ est résolument positif et festif. Guidés par des sentiments de gaîté et de joie, R Kelly nous offre cinquante deux minute de musique “qui apaise l’esprit et qui nous fait sentir bien dans notre tête”. Des chansons two-step qui parlent d’amour, de sentiments bienvenus et d’heureux événements, très inspirées des œuvres de Stevie Wonder. On se prend facilement au jeu, on se détend et se laisse envahir de la bonne humeur ambiante. La continuité des mélodies permet des transitions bien agencées entre les chansons et donc d’écouter l’album d’une traite, et en boucle. Vraiment magique.
Le second est ‘U Saved Me’. Le concept de cette moitié est un point de vue spirituel et religieux, mis en contexte par des somptueuses ballades. La première piste débute avec un quatuor superbe avec entre autre la chanteuse Kelly Price. On regrettera un peu Ron Isley dans son personnage de Mr Biggs. Prédominé par des pianos, cette partie ne sombre tout de même pas dans la dépression et la mélancolie mais sur une réflexion sur la vie, histoire de faire un trait sur les mauvais moments et repartir du bon pied. Du grand « art Kelly ».
En revenant avec une vibe très inspiré de la soul des années 70, R Kelly vient de composer un mini chef d’oeuvre, emprunt d’une immense maturité. Le chanteur r&b était au sommet de son art et revenait plus fort que jamais. Son ticket d’entrée au panthéon des plus grands chanteurs noirs américains, incontestablement.