Ludacris « Red Light District » @@@½


Atlanta, 2004. La compétition faisait rage depuis plusieurs mois à entre Ludacris et T.I.. Ce dernier s’étant autoproclamé King Of South, nul doute que Ludacris était indéniablement la Mouth Of The South. Si T.I. a préféré miser sur des producteurs en vogue (The Neptunes, Lil Jon, Scott Storch etc…) pour ‘Urban Legend‘, Luda a préféré faire un ‘Red Light District‘ plus homogène en optant pour des producteurs bien moins connus, quand il ne s’agit pas bien sûr de Timbaland ou les Organized Noise. Autre détail d’importance : l’absence de son crew des DTP au complet, à croire que Cris a tenu à laver son linge seul.

Des disques platines qui s’empilent, une place toujours plus importante dans le rap game, ça inspire le respect. Contrairement à son prédécesseur ‘Chicken & Beer‘, Ludacris est revenu vers un style bien plus divertissant et entrainant, tout comme pour ‘Word Of Mouf‘. « Get Back« , le premier single, explique bien le caractère clownesque du rappeur, avec une certaine ambiguité d’ailleurs puisqu’il scande « Get back motherfucker, you don’t know me like that ». Les ‘subliminal skills’ sont lancées. Evidemment, c’est aussi avec un grand plaisir que l’on retrouve les ‘acrobaties ludacrissiennes’ sur « Blueberry Yum Yum » (un nom de beuh), assisté par le crooner d’ATL, Sleepy Brown. Le clip d’ailleurs a été tourné dans une serre de cannabis en Hollande, le pays des tulipes, moulins, herbe légalisée, et le fameux Red Light District.

Au risque de me répéter, Ludacris a longtemps été un rappeur jamais vraiment pris au sérieux, trop déconneur, et ses talents de lyricistes souvent sous-estimés. Après une grosse intro signée Timbo, « Number One Spot » lance l’album en passant la seconde et allait en surprendre plus d’un. D’abord, la production de DJ Green Lantern reprenant la boucle du thème d’Austin Powers (« Soul Bossa Nova » de Quincy Jones plus exactement). Ensuite Luda balance des textes à double-sens délirants, même une pique à  l’animateur Bill O’Reilly; notre homme n’a encore rien perdu de son mojo! La « Potion » reste la même, et quand Timbaland s’occupe de l’instrumental, les sonorités tribales et voodoo provoquent des effets similaires aux aphrodisiaques. C’est la jungle !

Inéluctablement, les morceaux perpétuant la tradition du bounce Dirty South sont un des points forts de ‘Red Light District‘. D’abord « Pass Out« , produit par Needlz, ensuite la grosse bombe « Why Not Me« : le son est à l’extrême limite du crunk où Luda se lâche au refrain et met à l’épreuve ses rivaux, du moins un (pas la peine de rappeller qui). Dans un style tout aussi différent, « Spur Of The Moment » est une véritable bombe Westcoast, DJ Quik en invité, étant à niveau égal au niveau des lyrics crus et sans concessions. Nate Dogg est aussi de la partie sur « Child Of The Night« , dans un style uptempo laid-back saississant et bien smooth (merci le sample de « Portuguese Love » de Teena Marie). Dans ce même genre, mais en baissant le tempo, passez sur « Two Miles An Hour » servi par Toomp avec ses métaphores automobiles, une ballade à la ‘pimp my ride’. Pour ce qui est du reste, DMX revigore le refrain de « Put Your Money » et pour ceux qui connaissent bien ‘Street’s Disciple‘ de Nas, c’est avec plaisir que l’on se repassera « Virgo« , avec Doug E Fresh au beat box!

Après il se peut que quelques titres vieillissent mal, notamment « Why Not Me« , « Large Amounts » ou bien le single « Pimpin’ All Over The World« , qui restera dans l’histoire l’un des premiers clips d’un rappeur US tourné en Afrique du Sud. Cela dit ‘The Red Light District‘ est dans la continuité de ses précédents albums, avec une évolution artistique (surtout au niveau du flow) certaine comme à chaque fois, ce qui démontrait encore plus la régularité exemplaire du rappeur sudiste. Un indispensable toutefois pour les fans de Luda.

Et pour le match, T.I. avait gagné avec Urban Legend.

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