Un bon fan de son Westcoast doit avoir écouté au minimum une fois dans sa vie Tha Street Iz A Mutha(Fucka), le deuxième album solo de Kurupt Young Gotti. Sorti en 1999, les forces insufflées dans cet album ont éclipsé le double-album Kuruption! jugé passable, et ne sera égalé que par Space Boogie : Smoke Oddessey. Il est vrai que la moitié du DPG (ex-Dogg Pound sous Death Row), a fait très fort, ce grâce à l’apport de son acolyte Daz Dillinger qui participe au succès de cet album bien en tant que producteur exécutif.
Retrospective originale écrite en 2004 revue en 2016
Cet opus enchaîne d’emblée bombe sur bombe, cash. « I Call Shots » servie par les Organized Noise (producteurs attitrés des Outkast) est un pétard mammouth à mèche courte qui succède à l’explosif « Loose Cannons » avec Xzibit. Les dégâts sont lourds mais les choses se calment avec le rayonnant « Welcome Home To L.A. » (feat Latoyia Williams), une invitation à la ‘California love’, chère à Kurupt, lui qui est originaire de Philadelphie. Il est un important représentant de la Westcoast, autant que son partenaire Daz, ou des X to the Z, Warren G… D’abord grâce à ses lyrics sans concession, martelant ‘bitch’, ‘hoes’ et ‘gangsta’ à profusion mais suffisamment efficaces et clairs pour bien faire passer le message. Quand son encre coule sur papier, du sang est éclaboussé. Enfin, son flow excellemment manié et tranchant, fait de lui un artilleur de pointe. Sa technique et sa plume de lyriciste (certes très vulgaire) lui a valu une apparition du teacher KRS-One sur « Live on the Mic« .
A cette époque, il était aussi assisté de nombreux homies qui ne sont pas non plus à présenter comme le 213 (Snoop Dogg + Warren G + Nate Dogg) au complet sur la tuerie « Neva Gonna You Up » qui regroupe également Tray Deee et Soopafly. Si on veut parler de hit dancefloor bien misogyne (ah les moeurs…), « Girls All Pause » avec son petit frère Roscoe et un Nate Dogg -de nouveau- impeccable fait très certainement l’affaire. La même en plus smooth avec des grosses basses bien groove et beat au carré, allez voir chez Dr Dre sur « Ho’s A Housewife« , qui explique pourquoi il ne faut pas faire d’une salope sa maîtresse de maison. Notez que le mix de cette version diffère légèrement de celle qui arrivera très vite après sur Chronic 2001. Tout aussi anti-lopesa et entraînant, « Your Gyrl Friend » fait super mal.
Gros délire collectif avec le méga freestyle « Represent Da GC » qui regroupe pratiquement tous les proches du Dogg Pound et Dogghouse réunis : Daz, Soopafly, Snoop, Tha Eastsidaz, Butch Cassidy, Jayo Felony, etc… De la vrai ‘gangbang music’ où le rythme est idéal pour s’exercer à danser le C-Walkin. Le Dogg Pound Gangsta Clique était un mouvement intouchable sur la côte Ouest. Rien n’est oublié, ni même le ‘ridaz anthem’ avec Daz « Who Ride Wit Us » (produit par FredWreck), quasiment un classique. On compte aussi les premières apparitions en feat d’un certain Crooked I qui connaîtra une carrière plutôt bizarre. L’autre énorme surprise se trouve dans les pistes cachées : « Callin Out Names » avec Xzibit. Un diss hardcore incendiant Ja Rule et DMX ! La hache de guerre entre l’est et l’ouest n’est pas tout à fait enterrée…
Tha Street Iz A Mutha, avec Chronic 2001, cloturait une décennie folle de G Funk et de gangsta rap californien. L’album de Kurupt le plus solide à ce jour, à l’image du morceau-titre, mais le prochain sera tout aussi excellent.
Un peu déçu de cet album tout de même. Sans doute écouté trop tard, à la manière des albums de DMX, Xzibit… les prods sont très ancrées dans les fin 90 début 2000 et pas toujours très inspirées. On sent un changement de style westcoast. Je ne sais pas si 2001 est sortit avant ou après, mais il a vraiment créé les codes des années à venir, contrairement à celui là qui nage un peu entre deux eaux. Je préfère Dogg Food, plus classique mais plus efficace.
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