Valeur sûre de la Westcoast et membre influent du DPGC, Kurupt est vu par certains comme l’un des meilleurs lyriciste de sa côte. A la tête de son propre label Antra, il sort un troisième disque novateur mais toujours aussi gangsta, ‘Space Boogie : Smoke Oddessey‘. Pour faire aussi fort que ‘Tha Streetz Iz A Mutha‘, son meilleur opus à ce jour, Young Gotti a été conseillé par ce cher Dr Dre (dispensé sur cet ouvrage) de réquisitionner Fredwreck en tant que producteur principal, et non pas son vieil ami Daz, pour un résultat plus varié.
Chronique écrite en 2005 revue en 2016
L’introduction « Countdown » nous plonge dans une simulation d’un univers vert cannabis et fumeux proche de la science-fiction avant d’attaquer « Space Boogie« . Les instruments s’ajoutent au fur et à mesure sur ce morceau au beat sec (synthé, puis les basses…), alors que Kurupt déflore sans concession ni préliminaire par « I’m like… fuck a bitch/ and fuck you too » pour entamer un long couplet riche en métaphores, jusqu’au couplet final d’un Nate Dogg en super forme. Le ton est donné, pas seulement par le caractère incisif de Kurupt mais aussi par ce virtuose de Fredwreck, pour qui Space Boogie est une aubaine. Pour ce producteur originaire du Moyen Orient, c’était la meilleure vitrine pour s’illustrer avec ses prods. Parmi elles, « Bring Back That G Shit » avec sa couche épaisse de moogs (sans parler de cette petite mélodie infectieuse) avec un Snoop Dogg et Goldie Loc plus gangstas que jamais, et « Hardest Motherfuckers » featuring X to the Z Xzibit, MC Ren et Nate Dogg de nouveau, avec un petit air de guitare qui met la pression et des synthés purement G Funk sur le refrain.
Quand on parle de Kurupt, on l’associe forcément à Daz, moins impliqué mais présent malgré tout. Toujours cette alchimie incroyable que l’on peut apprécier sur « On Da Grind » avec ce piano et ce gangsta-funk intemporel. L’autre producteur du DPGC Soopafly lîche une bombe certifiée gangsta où Gotti s’en prend frontalement à ses haters sans leur laisser le choix de subir ses insultes sulfuriques (« Hate On Me » flat Damani). Kurupt continue de multiplier encore ses collaborations avec d’autres artistes Westcoast, dont le producteur incontesté DJ Quik sur « Can’t Go Wrong » (avec son refrain signé pr l’autre crooner Butch Cassidy accompagné par du saxophone). Damizza peut se targuer d’avoir l’instrumental le plus funky avec ce sample de « Just Got Paid » de Johnny Kemp, et la compagne de Kurupt (à l’époque), Natina Reed, partage le folichon « It’s Over« .
Le point fort de ‘Smoke Oddessey‘ est -on y arrive- l’ouverture vers d’autres styles. Le chanteur r&b Jon B, le « Babyface blanc » comme il était surnommé, apporte une touche de fraîcheur sur le radieux « Sunshine« , nous emmenant draguer sur les plages de Los Angeles. DJ Lethal et Fred Durst, tous deux du groupe de neo metal Limp Bizkit, donnent un grain old school et nostalgique dans le récit de « Lay It On Back« , assez étonnant comme collaboration mais très cool. L’ex House Of Pain Everlast, et sa guitare sèche, permet à Kurupt d’avoir une approche politique de ses propos, critiquant le système américain en perdition sur « Kuruption » avant d’enchaîner sur « Fuck Tha World » avec Daz Dillinger.
C’était en 2001, comme l’album de Dr Dre, et la Westcoast avait encore son mot à dire dans le rap game et sur le plan international. ‘Smoke Oddessey‘ est sans aucun doute un disque un peu plus commercial dans la démarche, mais ça reste du Kurupt Young Gotti à son meilleur niveau.