Celà faisait au moins depuis 2002… 2003(?) que des bootlegs de ‘Against Tha Grain’ trainaillaient sur des réseaux pirates d’Internet. Les premières réactions avant l’heure H étaient mitigées, surtout que, pour resituer le contexte, Kurupt avait rompu tous les liens avec les membres du DPGC (Daz Dillinger, Snoop Dogg, Soopafly,…). C’était l’orage, un coup de théâtre : Kurupt était retourné chez Death Row Records en tant qu’artiste et vice-président du label alors Suge Knight fumait ses cigares en prison. C’est sur la structure indépendante Koch Records qu’est finalement paru à la rentrée 2005 cette dernière version finale (?) de ‘Against Tha Grain‘, quatrième solo de Kurupt, alors qu’il était sur le point de -coup théâtre (bis)- se réconcilier avec l’ami Daz.
Chronique écrite en 2005 revue en 2016
Nous n’étions plus à un mois pour écouter un album sorti trois ans trop tard, mais, vous savez, la curiosité. Ce disque, pratiquement le dernier d’un label Death Row moribond, suscitait beaucoup d’interrogations.
À première vue, la trackliste était la même que celle datant de début 2004 (source : cduniverse.com) avec quelques rajouts en plus sans dire pour autant si ces morceaux en question sont réchauffés ou non. La pochette était l’identique de la photographie se trouvant dans le numéro de The Source FR de l’été 2005. Et à la première écoute, c’est la confirmation de cette mauvaise intuition. Que dire : déception. Il fallait s’y attendre, on s’y attendait, il n’y avait pas de mal à être pessimiste.
2e, 3e, 4e écoute… L’album, les instrumentaux, le flow ne sont pas mauvais, loin de là. Mais il y a un « mais ». Un grand creux, quelque chose d’important manque. Kurupt n’a pas toutes ses cartes en main, on sent comme une espèce de malaise chez lui, beaucoup de colère. En témoigne l’attentat verbal « Deep Dishes » (produit par Ric Rude) où le rappeur se transforme en Gotti Bin Laden, crachant sa rancoeur « you stole my style, my name and the way I bang” avant de s’en prendre aux institutions américaines. Ses réponses envers les attaques de ses anciens associés n’avaient plus aucun sens désormais puisqu’il était redevenu ami avec au moment de sa sortie. Sur « Speak On It » (feat Val C), Kurupt rattaque aussi de nouveau les mêmes rappeurs que sur « Call Out Names » dès le début du morceau: « First of all/ Ain’t no motherfuckin new 2pac/ DMX ain’t no 2pac/ Ja Rule ain’t no 2pac ». Son frère Roscoe et les M.O.P. (!) viennent en renfort sur « Jealousy« , hé ben ils passent pour des enfants de choeur à côté d’un Kurupt super énervé.
Certains morceaux (dont le raté « Stalkin » porduit par Sir Jinx) manquent cruellement de finition, comme s’ils n’étaient pas totalement masterisés. Les featurings d’Eastwood et Spider Loc, qui avaient déjà déserté Death Row Records depuis des mois, prouvent l’ancienneté de ces enregistrements. La chanson « I’m Back » par exemple était déjà présente sur la bande originale du film ‘Dysfunktionnal Family‘ sorti en … 2003. Seules quelques tracks se démarquent du reste. La bombe « Calico » qui remplace « No Vaseline pt 2 » , le duo virtuel avec 2Pac sur « My Homeboyz » et puis « Can U Feel It » pour la touche soft.
Mort-né, Against Tha Grain n’avait strictement plus aucun intérêt. Des années pour accoucher d’un disque réellement décevant, déroutant par rapport à ses précédents standards. La grande époque de Death Row est bien loin derrière, il ne faut pas se voiler la face. Le Kurupt qu’on connaissait aussi. Heureusement il allait remonter la pente depuis qu’il a enterré la hache de guerre avec le DPG pour se réunir comme au bon vieux temps (The Saga Continues sortira quelques semaines après).
Pour l’anecdote, la page internet de Death Row avait signalé de ne surtout pas acheter ce disque car le label n’était pas satisfait des morceaux choisis par Koch Records pour cette version commercialisée. De toute façon, peu de gens en avait l’intention.