Après la révélation avec un Venni, Vetti, Vicci relativement hardcore, le rappeur du Queens qui scandait « Holla Holla » Ja Rule a opéré en 2000 avec Rule 3:36 un virage à 90° en truffant ce second album de singles cross-over rap/r&b (« Between Me and You« , « Put It On Me« , « I Cry« …). L’objectif affiché était clair de ce troisième opus : braquer l’industrie du disque grâce à son boss très influent, le producteur Irv Gotti et responsable de Murder Inc, et Def Jam. Puisque la recette fonctionne très bien, Jeffrey Atkins la reprend en augmentant la proportion de r&b et de gangsta rap édulcoré pour atteindre une nouvelle fois consécutive le score triple platinum avec Pain Is Love.
100% produit par Irv Gotti, Pain Is Love marque à coup sûr les tendances de Ja Rule à cette époque, sa boulimie de faire des morceaux r&b contrastant avec sa voix rauque. Peut-être aussi pour se distinguer irrévocablement d’un certain DMX qui était à la fois son collègue et rival désigné. « Livin It Up » avec Case (samplant Stevie Wonder) est un hit certain, « Always On Time » a fait découvrir Ashanti (qui allait par la suite connaître une belle carrière de chanteuse) et « I’m Real » là encore a été un énorme carton, pas que grâce à ce sample de Rick James (la flûte de son standard « Mary Jane« ) mais au remix incluant la bomba latina Jennifer Lopez. Quand on invite J-Lo, c’est pour faire des tubes en général… Encore du r&b avec « Down Ass Chick » avec Charli Baltimore (une amante de Notorious BIG), le très bon « X » avec Missy Elliott et last but not least « Put It On Me » en bonus track… ça frise l’over-eau de rose. Encore heureux que l’ont trouve des morceaux gangsta comme « Smokin & Ridin » ou « Worldwide Underground » avec la clique de Muder Inc (Black Child, Cadillah Tah…) pour calmer le jeu… Enfin ‘calmer’, il essaie plutôt de faire l’inverse. Un mauvais point pour la greffe d’un couplet de 2Pac sur « No More Pain » pour revendiquer sa succession.
Comme dit le dicton ‘trop d’amour tue l’amour’, on en oublierait même que Ja Rule faisait du rap. Quoique, à considérer Pain is Love comme un disque de r&b, il n’est pas si mal dans le fond. Un autre dicton aux Etats-Unis dit aussi « what comes up must come down ». Ce n’est pas une prophétie, simplement une constatation qui s’avèrera juste les albums qui suivront. Ja Rule vivait son heure de gloire avec Pain is Love, il était au faîte de son succès, il ne pouvait y avoir qu’un déclin inéluctable accéléré par l’arrivée de son ennemi juré : 50 Cent.