Dans l’Ancienne Egypte, Imhotep, prêtre et grand architecte, fut l’instigateur de la construction des premières pyramides. 3500 ans plus tard, dans la Cité Phocéenne qui borde l’autre rive de la Méditerranée, la dynastie IAM menée par le pharaon Akhenaton étend son territoire et leur suprématie dans le paysage Hip Hop français depuis leur temple martien. C’est le début de l’ère de L’Ecole du Micro d’Argent.
Les premières années qui ont suivi cette campagne ont été fructueuses, les conquérants des Imperial Asiatic Men ont chacun pris possession de différents domaines d’influence afin d’élargir leur institution : Khéops s’est installé sur la colline mortuaire de Sad Hill, Shurik’n la ville de Marseille (Où je vis), devenue un temps la capitale du rap français, AKH le monde du cinéma (la BO de Taxi) et Freeman L’Palais de Justice. Quant à Imhotep, l’architecte sonore et « tonton » du groupe revient à sa première vocation, l’éducation, afin de former les futurs espoirs marseillais à l’apprentissage du maniement du microphone argenté. L’album est sorti l’année 98, en mars, évidemment (on invente rien).
Chronique originale écrite en Février 2007
En voulant inaugurer son blason Kif Kif Production, il accueille sur sa compilation des Chroniques de Mars divers élèves turbulents issus de quartiers difficiles (les 3e Œil, la Fonky Family,…) et quelques redoublants du Soul Swing & Radical (Faf Larage, Def Bond et K-Rhyme Le Roi), encadrés de près par les membres d’IAM. Cela commence avec une profession de foi, le premier duo des frères de sang, Faf et Shurik’n, croisant le fer jusqu’à la dernière rime car « La Garde meurt mais ne se rend pas ». Un morceau épique qui a pu filtrer sur les ondes radios de la bande FM en 1998 (pour ceux qui s’en souviennent). Après un second morceau fraternel (« Le Destin n’a pas de Roi »), Imhotep met en avant son signataire Faf Larage, qui s’autossufit largement par son propre talent de MC (on vivrait presque son récit « La Cavale »). Autre binôme complémentaire, les MC Arabicas, les inséparables Freeman et K-Rhyme avec un son qui met « La Pression », un titre qui laissait présager plein de promesses quant à leur avenir en commun.
Parmi les combinaisons marquantes des Chroniques de Mars, le triangle de la mort Akhenaton/ Mombi/ Def Bond, tous en mission spéciale pour « Sauver Tonton ». Les MCs de la Fonky Family coupent la poire en deux : Sat et Le Rat Luciano sur « Faut qu’on sorte de là », et Don Choa et Menzo sur « On dit c’qu’on pense ». Pour la parenthèse, il faudra rajouter Sista Micky, Costello et le groupe Le Venin sur la liste des avis de recherche. Les Don’t Sleep DJs ont aussi droit à leur temps de parole sur les trois interstices, toutes d’excellentes démonstrations de technicité au travers de combos de scratches bien sentis. Un temps directeur artistique, Imhotep a véritablement créé des combinaisons qui se sont avérées payantes, certaines même ont subsisté par la suite (La Garde, Freeman featuring K-Rhyme Le Roi…).
Comme le suggère le titre de cette compile dans sa version Westcoast (Chronic), l’affiliation avec la sainte Marie Jeanne infère forcément sur le choix des thèmes fumeux. Dans ces nuées de chanvre, AKH, Le Rat et Freeman se passent le joint pour partager leur « Mégotrip », ramenant plus de potes pour le grand final, le cultissime « Retour du Shit Squad » qui clôt ces Chroniques de Mars avec un hymne certifié 100% aux Normes Marseillaises. Suite à ces différentes formations orchestrés sous la tutelle d’Imhotep, presque tous les artistes présents ont débouché sur des albums désormais incontournables de la scène Hip Hop marseillaise : Si Dieu Veut de la FF, Hier, Aujourd’hui, Demain du 3e Oeil, L’Palais de Justice, Le Thème de Def Bond et bien sûr C’est Ma Cause de Faf Larage.