Au pays du Coca Cola et Mc Donald’s, des milk-shakes et pizzas taille XXL, il est normal de trouver pas mal de poids lourds, entendez par là des personnes en surcharge pondérale. Depuis la mort de son gr…and copain Big Pun début 2000, Fat Joe s’est curieusement mis à faire des albums lights, parlant de jalousie et de loyauté. Le rappeur latino du Bronx avait d’ailleurs serré la ceinture avec l’album des Terror Squad durant l’été 2004, sans jamais vraiment décoller.
Note: All or Nothing est le dernier album du gros Joe en maison de disque. Un bon disque mainstream dans son ensemble, qu’il tentera de perpétuer tant bien que mal par la suite. Plus en mal en fait.
Et ce n’est pas faute d’avoir fait quelques exercices de gymnastique avec son « Lean Back ». Pour ‘All Or Nothing’ (traduisez “tout ou rien”, pas la peine de faire anglais LV1), il remet ça avec un remix 0% calorie concocté par Lil Jon, avec Remy Ma, Ma$e et Eminem en guests ! Le mouvement reste le même en insistant un peu plus sur le déhanché. Et hop ! Tout le monde se lève pour Timbaland et monte les genoux avec « Everybody Get Up » ! En cadence, on suit le rythme effréné et répétitif pour bien faire bouger les jambes. On reprend son souffle ensuite avec un petit banger de Scott Storch, « Get It Poppin », avec Nelly en coaching pour travailler les fessiers des filles.
Après ce petit échauffement, on peut enfin passer aux choses sérieuses, quand « The Incredible » entre sur le ring armé de grosses caisses signées Just Blaze. Les principaux entraîneurs sont le duo de producteurs basés à Miami Cool & Dre et DJ Khaled, réalisant à eux tout seul plus de la moitié du disque. Vif et énergique dans son flow comme dopé par des boissons énergétiques, en plus d’avoir bien amélioré sa dextérité lyricale, Fat Joe alias Joey Crack prend ses gants de boxe et crache toute sa rancœur à coups de punchlines pour répondre à 50 Cent sur « My Fofo ». Autant Fifty lui avait balancé deux rimes sur « Piggy Bank », Joe lui rentre dans le lard et les muscles gonflés aux testostérones avec cette diss-track entièrement consacrée à la débâcle (?) de 50. C’est bien pour Fat Joe, la jalousie, ça fait maigrir paraît-il.
Les grosses pièces du boucher comme « So Much More » et « Beat Novacane » montrent un Fat Joe au top de sa forme physique, avec quelques sons typés dancefloor pour transpirer (« Rock Ya Body », « So Hot » feat R Kelly). Reste qu’avec une masse pareille de chansons, il s’essouffle un peu le gros Joe (les très softs « Listen Baby » de Swizz Beatz et « Hold You Down » avec Jennifer Lopez).
Point noir concernant les producteurs Cool & Dre, s’inspirant pas mal des instrumentaux de Scott Storch (« So Much More »), R Kelly (« So Hot »), The Neptunes (« I Can Do U »)… Même pour « My FoFo », l’air ressemble étrangement à celui de Needlz pour « Piggy Bank » même si au niveau du contexte, on peut comprendre cette démarche. Pour le reste… on ne peut que les pénaliser même si les beats claquent bien. Même remarque pour StreetRunner et son introduction qui reprend le style de Just Blaze. Seul DJ Khaled tire réellement son épingle du jeu et réclame le meilleur de Fat Joe, surtout sur les deux « Temptations ».
Au pays de l’ultralibéralisme et des obèses, où le rap est devenu une machine à fric, où les gros mangent les petits, on peut considérer ‘All Or Nothing’ comme un bon album mainstream fabriqué par des “sous-traitants”, c’est-à-dire un opus en apparence de bonne qualité mais dont les productions de seconde mains sont pompées sur des grosses pointures du milieu. Force est de constater que l’intention de Fat Joe le Don était de vouloir bien faire, et c’est le cas tout de même : les efforts paient toujours !