Cage « Hell’s Winter » @@@@½


Bienvenue dans le monde merdique et glauque de Cage, ou que se passe-t-il dans la tête de ce maniaco-dépressif dont la blancheur de peau n’empêche en rien d’avoir un humour noir amer à 99%. C’est cette vie et ce monde qu’il déteste tant qui été le sang empoisonné qui coule dans ‘Hell’s Winter’, ce liquide vital qui pourtant provoque des sueurs froides à l’écoute de ses textes torturés. Pour la mise en forme sonore, le membre de Definitive Jux s’est entouré des brillants El-P, Blockhead et RJD2, ainsi que d’autres surprises.

 À la poubelle le rap “tout il est beau tout le monde il est gentil” pour passer à l’ère glaciaire avant l’heure en ce début d’Automne. C’est le monde sans dessus dessous chez Cage, comme une sorte de dimension parallèle accentuée par les sonorités trip hop, un peu rock et électroniques par moments. Pas étonnant, le MC est un vrai mort-vivant, comme il l’explique dans « The Death Of Chris Palko », racontant son réveil artistique dans l’enfer sur Terre, nous mettant la tête à l’envers dans l’underground. Pas mal d’autres morceaux sont véritablement introspectifs dans la mesure où vous vous situez dans sa cervelle de MC psychopathe qui retranscrit sa vision des choses, déformant l’optique et son propre reflet avec une écriture diaboliquement maîtrisée.

À croire qu’il a réellement pactisé avec Lucifer lui-même, car doté d’un flow persifleur acidifié pour cracher ses rimes caustiques, tout comme son sens de l’humour 2e degré de brûlure. Sur « Too Heavy For Cherubs », il résume très bien son état d’esprit macabre sur cet album : « a cold day in hell I feel good/ as least as good as real feels if real even feels good », une autocritique propre aux personnes qui refusent leur existence. Et une façon de montrer du doigt le faux-semblant des choses, ce dont il excelle le long de ‘Hell’s Winter’. Le meilleur exemple se trouve sur « Perfect World », incitant presque ses fans à télécharger sa musique, un trip qui englobe les clichés raps dans leur globalité avec un cynisme sans égal.

Avec un certain don pour la narration (« Scenester »), on reste désespéré par les propos tenus dans « Subtle Art Of Breaking-Up », traduisez par le titre dépressif de “l’art subtil du plaquage”. Soit vous gardez la tête froide ou autant se tirer une balle directe par manque de sang-froid. Heureusement, qu’il reste un peu de place sur la satanée planète de Cage pour permettre à Aesop Rock, El-P et Yak Ballz de poser sur l’emblématique « Left It To Us ». Sinon passez-vous en boucle, la véritable bombe à neutron de ‘Hell’s Winter’, « Grand Ol Party Crash », mettant l’Amérique puritaine à feu et à sang, critiquant la politique US et la gestion de la guerre en Irak ainsi que les forces de police même. La production cataclysmique est signée par le génialissime DJ Shadow, un des maîtres d’œuvre du trip hop.

Avec ‘Hell’s Winter’ on évolue dans un manteau neigeux cendré sanguinolant et soyez maudit si vous n’y portez pas une écoute attentive. C’est presque comme un film style « Fight Club », genre c’est malsain à souhait, ça retourne la cervelle dans tous les sens: la réalité de Cage dépasse les fictions les plus folles. Sachez aussi que si vous êtes parmi les premiers à vous frotter les mains devant cet album, les 20 000 premiers exemplaires incluent une interface interactive UMIXIT, qui vous permet de remixer à votre guise les morceaux de l’album sur votre ordinateur. Mortel non?

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